dimanche 20 novembre 2016

Interview de Piero san Giorgio

A l'occasion de la sortie de son dernier opus, "NRBC", voici une petite interview de Piero San Giorgio, ainsi qu'une courte présentation de l'ouvrage (préfacé par Dmitry Orlov, voir mon article de juillet sur l'effondrement).
Le livre, plaisant à lire, accessible et très bien documenté, présente l'une après l'autre les thématiques NRBC. Il commence par les risques nucléaires et radiologiques, avec une explication très claire sur ce qu'est la radioactivité (cela vous rappellera avec nostalgie vos cours physique-chimie suivis au collège !). Des scénarios et des exemples réels d'exposition à la radioactivité sont donnés (dont celui survenu en 1999 à un soudeur qui avait mis dans sa poche la source radioactive de son appareil, et celui de 1985 suite au vol d'une unité de thérapie à base de césium).
Les deux parties suivantes exposent les risques et menaces biologiques et chimiques, avec également de nombreux exemples et scénarios (bactéries, virus, toxines et toxiques, pandémies, utilisation terroriste, accidents industriels...).
Les deux dernières parties renseignent comment réagir à un événement NRBC, se protéger (conduites à tenir) et s'équiper (kits et équipements). Contrairement à une idée reçue, des mesures simples et efficaces peuvent facilement être mises en place, et les matériels de base sont financièrement abordables.
Coup de chapeau aux auteurs qui ont su rendre accessible et intéressant un sujet à priori technique. Il y a une foule d'informations sur les risques industriels inhérents à nos technologies modernes, ni toujours maîtrisées, ni sous contrôle...

Mais sans plus attendre, voici l'interview :

Fred : "Survivre à l'effondrement économique" aborde de très nombreux thèmes, à ce titre il peut être qualifié d'ouvrage généraliste. A l'inverse, pour ton dernier livre, tu as choisi de développer un sujet spécifique. Quelles sont les raisons qui t'ont fait choisir la problématique NRBC, plutôt qu'une autre ?

Piero : Lorsque mes livres précédents sont sortis, la partie nucléaire était limitée à un paragraphe et était très superficielle car je ne m'y connaissais pas bien. Un ancien responsable de la cellule NRBC du GIGN m'a contacté pour me faire quelques remarques dans ce sens et, d'une discussion à l'autre, nous avons décidé de co-écrire ce livre sur ces thèmes qui sont très importants mais assez techniques. Dès le départ notre objectif à été de rendre compréhensibles ces sujets sans les simplifier, d'en décrire les effets sans tomber dans des messages anxiogènes et enfin, d'écrire un livre à la fois facile à lire, complet et utile pour toute personne soucieuse quant aux possibilités réelles d'évènements nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques.

Fred : Quels ont été les plus grands défis à relever lors de l'écriture, notamment pour vulgariser une matière à priori très technique ?

Piero : Le défi était que l'on ne peut éluder les fondements physiques, biologiques ou chimiques de ces problématiques pour expliquer correctement quelles sont les bons comportements que les citoyens auraient à avoir. Or ces fondements sont infiniment complexes! Il s'agit d'expliquer ce qu'est la matière, ce que sont les radiations quels en sont les effets, d'où peuvent-elles provenir... de la supernova, à la bombe atomique, en passant par le réacteur nucléaire ou la machine à rayons-X chez votre médecin. Pour la chimie et la biologie, il faut aussi savoir expliquer les différences entre toxines, virus, bactéries, spores... entre différentes molécules et leurs effets. Cela peut être rébarbatif et nous avons ré-écrit ce livre une bonne douzaine de fois jusqu'à ce qu'il soit compréhensible par toute personne ne connaissant rien à ces sujets. Ma maman a compris. Objectif réussi!

Fred : Certaines questions liées aux centrales et aux armes NRBC sont sensibles car relèvent de la défense nationale. A-t-il été malaisé d'accéder à certaines informations ?

Piero : En France, ce fut très difficile, notamment sur la partie liée à la sécurité des centrales nucléaires, mais nous avons réussi à trouver les infos manquantes sur ce sujet comme pour les autres sujets sensibles en passant par nos réseaux respectifs. En Suisse, en revanche, la transparence et la collaboration ont été très grandes et très utiles. Il faut dire que sur certains thèmes, comme par exemple sur comment fabriquer des armes chimiques, nous nous sommes auto-censurés pour que ce livre ne puisse servir à des personnes malintentionnées... bien qu'il y ait beaucoup de choses sur internet.... mais puisque notre objectif était surtout de transmettre les informations permettant de se protéger, cela ne nous a pas posé de problème.

Fred : Quel a été l'accueil réservé à cette thématique, que ce soit par les professionnels et spécialistes NRBC, d'une part, et par le grand public, d'autre part ?

Piero : Le succès auprès du grand public est certain. Nous avons déjà près de 8'000 exemplaires vendus en quatre mois et c'est le rythme de vente de mon premier livre qui est à plus de 100'000 depuis sa sortie, et est aujourd'hui traduit en plusieurs langues (anglais, russe, italien, arabe, roumain...). NRBC sortira d'ailleurs en anglais en 2017. Les professionnels qui nous ont contacté de manière privée nous ont félicité pour la bonne vulgarisation et l'utilité du livre. Certains ont même appris un truc ou deux !

Fred : Dernière question libre, pour conclure comme tu le souhaites.

Piero : La préparation du citoyen face à ces problématiques peut sembler d'un premier abord comme insurmontable, car beaucoup de mythes circulent sur ces sujets, voire des informations fausses (l'hiver nucléaire, la centrale nucléaire qui exploserait comme une bombe, l'impossibilité pour l'humanité de survivre à une guerre nucléaire, etc.). Bien que certains sujets sont plus risqués qu'on ne le pense (accès physique trop facile aux centrales nucléaires, présence dans toutes le villes et axes de communication de stockage et transports de produits chimiques très dangereux), et que l'émergence de nouveaux risques biologiques
(Ebola, Mersco-V) dans un monde hyper-connecté est avérée, c'est très facile de mettre en place une stratégie de base, notamment par une bonne compréhension du risque, de la bonne identification du problème lorsqu'il survient, des bons comportements à prendre et d'un minimum de préparation matérielle.

dimanche 13 novembre 2016

Sondage sur l'Islam en France

Fin septembre, le Journal du Dimanche a publié un sondage Ifop pour l'Institut Montaigne, qui a étonnamment peu fait parler de lui.

Pourtant, dans celui-ci, on peut lire :

25% des musulmans sondés sont catégorisés comme "conservateurs", soit 1,25 à 1,5 million de personnes, en estimant qu'il y a entre 5 et 6 millions de musulmans en France (pour rappel, la loi française interdit de recenser officiellement les religions, et on se demande bien pourquoi)

28% ont un profil "rigoriste/autoritaire", soit 1,4 à 1,7 million de personnes, qui vivent dans les quartiers populaires périphériques des grandes agglomérations. Ce groupe se radicalise "pour signifier sa révolte vis-à-vis du reste de la société française" nous dit l'institut, qui ajoute : "de plus en plus de jeunes musulmans (...) se définissent d'abord et avant tout par une identité religieuse de rupture (près de 50% des 15-25 ans)".

Plus inquiétant, 65% des musulmans soutiennent le port du voile (hijab), 60% estiment que les filles doivent pouvoir porter le voile au collège ou au lycée (ce qui est interdit en France), 20% des hommes et 28% des femmes se disent favorables au voile intégral (niqab ou burqa) et 29% des sondés jugent que la charia est plus importante que la loi de la République.

L'institut juge donc "essentiel de construire un islam français, porteur d'une représentation du monde compatible avec celle de la République". Vœu pieu qui relève d'une analyse à la fois angélique et bien trop tardive...

En effet, au fil des dernières décennies, la situation n'a fait que se dégrader, à tous points de vue : délinquance et trafics dans les quartiers sensibles, communautarisme puis radicalisation, émergence de zones de non-droit. Peut-on vraiment imaginer qu'une politique volontariste, même déterminée, puisse inverser cette tendance ? Les naïfs feront semblant d'y croire. Les autres se rendent bien compte que de plus en plus de territoires sont perdus pour la République. Le nombre et l'étendue de ces îlots qui échappent à tout contrôle étatique sont à la hausse. Seule possibilité pour le gouvernement, continuer à verser le RSA et autres allocations, pour acheter la paix sociale et éviter un nouvel embrasement de banlieues qui ne considèrent plus faire partie du même espace national.

Fred Deion
http://www.lejdd.fr/Societe/Religion/Religion-famille-societe-qui-sont-vraiment-les-musulmans-de-France-810217