dimanche 31 décembre 2017

Prise de position à propos de la transposition de la directive UE sur les armes dans le droit suisse

Depuis un an, j'ai publié plusieurs articles au sujet de la directive UE limitant l'achat et la détention légale d'armes par les citoyens européens.

La Suisse, non membre de l'UE mais signataire de Schengen, devrait reprendre ces restrictions. Un avant-projet a été mis en consultation, et de nombreuses associations se sont exprimées à cette occasion, même au-delà des sociétés de tireurs ou collectionneurs.

Je publie l'une de ces prises de position ci-dessous, et pour ce faire j'ai choisi celle de la Société genevoise de tir tactique, car elle me semble tout à fait représentative des inquiétudes que le citoyen suisse est en droit d'avoir au sujet de la limitation de ses droits et de l'atteinte à ses libertés :

"De manière générale, nous estimons que l’avant-projet n’utilise pas suffisamment la marge de manœuvre qui est laissée à la Suisse pour se conformer au droit européen - dans la mesure où cela est impérativement nécessaire, ce dont nous doutons. En effet, la directive européenne est en parfaite contradiction avec les traditions démocratiques suisses, en particulier la notion de citoyen-soldat et d’armée de milice. En passant, pour les armes utilisées par les tireurs sportifs et de loisir sérieux, d'un système d’autorisation de police (qui doit être accordée lorsque les conditions sont remplies) à un système d’autorisation exceptionnelle (dont l’octroi relève du bon vouloir de l’autorité), l’avant-projet porte une atteinte intolérable aux libertés des honnêtes citoyens qui se trouvent ainsi d’emblée traités comme criminels potentiels. Une telle approche contribuera à détruire le rapport de confiance réciproque qui existe traditionnellement en Suisse entre l’Etat et ses citoyens, et qui est un élément fondateur de la réussite et de la cohésion de notre pays.
Enfin, s’agissant de l’utilité d’un nouveau durcissement de la réglementation relative aux armes, notons encore qu’une telle mesure n’aurait aucun effet positif pour la lutte contre le terrorisme, étant rappelé que les terroristes n’ont besoin d’aucune autorisation pour louer un camion ou une voiture ni encore pour se procurer une arme illégale. Faut-il rappeler ici que la Suisse n’a subie à ce jour aucune attaque terroriste comparable à nos voisins européens et compte tenu de sa neutralité armée, la Suisse ne participe à ce jour à aucun conflit. 
Pour ces motifs, nous rejetons le principe même du projet de révision de la Loi sur les armes.
Nous formulons pour le surplus les observations suivantes sur quelques points de l’avant-projet qui nous paraissent particulièrement inacceptables :

Accessoires d’armes (Article 4)

Une limitation de la capacité des magasins n’a aucune utilité pour réduire les risques d’attentats ou de tuerie de masse, car les auteurs potentiels emporteront tout simplement plus de magasins avec eux, sachant qu’un changement de magasin ne nécessite qu’une seconde ou deux et ne ralentit donc pas de manière significative un tireur malveillant. Les États qui ont mis en place des restrictions dans ce domaine ont par ailleurs tous échoué à réduire par ce biais les risques d’un usage abusif des armes à feu par les criminels et les terroristes. Cette mesure est donc particulièrement disproportionnée, inappropriée et inefficace par rapport aux buts à atteindre.

Affectation aux catégories d’armes (Article 5)

Notre critique principale concerne l’attribution de certains types d’armes à feu semi-automatiques à percussion centrale à la catégorie d’armes interdites (d’une part les armes équipées d’un chargeur de grande capacité et d’autre part les armes à feu à épauler semi-automatiques pouvant être raccourcies à moins de 60 cm).
Comme évoqué ci-dessus, il n’est pas acceptable que l’obtention d’une autorisation pour acquérir, voire simplement conserver des armes de ce type ne soit plus un droit, mais dépende de la bonne volonté de l’autorité cantonale. Le Dossier de presse - Mise en œuvre de la directive de l’UE sur les armes du 29 septembre 2017 indique à ce sujet ce qui suit : «Les tireurs sportifs qui désireront à l’avenir acquérir une arme visée par la nouvelle réglementation pourront toujours le faire. Ils recevront une autorisation à condition de remplir une des deux conditions suivantes : [...]». Or cela est faux, car l’octroi de l’autorisation n’est aucunement garanti. Au contraire, le texte de l’avant-projet indique clairement qu’une «autorisation exceptionnelle [..] ne peut être délivrée qu'aux conditions suivantes [...]». En d’autres termes, celui qui ne remplit pas les conditions n’aura bien évidemment pas l’autorisation, mais celui qui les remplit n’en peut pas non plus être certain, car il n’y a par définition pas d’obligation pour une autorité administrative de délivrer une autorisation exceptionnelle. Ce point doit impérativement être modifié dans le sens qu’il existe un droit à l’obtention d’une autorisation exceptionnelle pour l’acquisition de ces types d’armes si les conditions sont remplies.

Autorisations exceptionnelles et pratique régulière du tir (articles 28b à 28e)

S’agissant précisément de ces conditions, elles ne sont pas formulées de manière suffisamment précise, en particulier en ce qui concerne le tir sportif. En effet, la marge d’appréciation d’une autorité cantonale pour déterminer si le tir sportif est exercé «régulièrement» est beaucoup trop grande. De même, il faut s’assurer que la notion de «tir sportif» soit comprise dans un sens large qui ne soit pas limité à la participation à des compétitions ni même à la pratique de disciplines réglementées par une fédération de sociétés de tir, mais qui comprend également le tir de loisir, fortement ancrée dans les traditions suisses.
Cela dit, nous rejetons l’introduction de la clause du besoin par principe démocratique. En effet, une telle clause du besoin et l’exigence de la preuve de pratique sont des mesures discriminatoires, totalitaires et incompatibles avec les libertés fondamentales. Il n’existe aucune approche similaire dans la pratique d’une quelconque autre activité, même si celle-ci peut mettre en danger un grand nombre de personnes. A titre d’exemple, personne n’a besoin de démontrer le besoin d’une voiture de sport, ni même de conduire pour posséder un véhicule.
Si nous voulons lutter conjointement contre l’usage abusif d’armes à feu, il serait ainsi plus judicieux de soumettre la délivrance d’un permis d’acquisition à la preuve d’une formation appropriée, en reconnaissant les formations dispensées par les Fédérations faîtières de tir et l’Armée suisse.

Conclusion

La Société genevoise de tir tactique :
- considère donc, tout en admettant qu’il est dans l’intérêt de la Suisse de se conformer à ses obligations découlant des accords de Schengen, que la nécessité d’un nouveau durcissement de la loi sur les armes n’est de loin pas démontrée ;
- constate que la Suisse est, pour l’instant, épargnée par le terrorisme extrémiste et que les mesures envisagées par la Directive sur les armes 91/477/UE sont disproportionnées par rapport aux objectifs à atteindre en matière de sécurité publique ;
- invite le Conseil fédéral à utiliser davantage sa marge de manœuvre afin de réduire au strict minimum l’atteinte portée aux droits des détenteurs d’armes et donc à la liberté individuelle des citoyennes et citoyens ;
- rejette catégoriquement l’attribution de certains types d’armes à la catégorie des armes interdites ;
- exige que chaque personne qui en remplit les conditions ait le droit d'obtenir l’autorisation nécessaire pour l’acquisition d’armes de ce type, sans être livrée au pouvoir d’appréciation discrétionnaire de l’autorité compétente.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos salutations les meilleures.
Daniel Wenker
Président SGTT

mercredi 1 novembre 2017

Allons-nous bientôt tous crever ?!

Un Youtubeur de talent (que je ne connais pas) a réalisé un remarquable court-métrage d'animation qui présente mon livre "Ruptures millénaires".

Ce petit joyau a été mis en ligne sur sa chaîne "L'Actu Animée" (328'000 abonnés).

280'000 internautes l'ont déjà regardé, je vous encourage à le voir à votre tour : https://www.youtube.com/watch?v=KoLCXfUuu2M








mercredi 25 octobre 2017

la société du pire

La société du pire, qu'est ce que ce serait ?

La société du pire, serait-ce celle où la crise économique serait permanente, avec son cortège d'austérité, de perte de pouvoir d'achat et de précarité ? Où l'intelligence artificielle, sous prétexte de compétitivité et de mondialisation, remplacerait l'employé par des robots, qui enrichissent leurs propriétaires, mais qui ne consomment pas... (début octobre, dans une interview à Bloomberg Markets, Sergio Ermotti, le CEO de la banque suisse UBS, a indiqué que la technologie pourrait se substituer à ses salariés, entraînant des dizaines de milliers de suppressions de poste au sein de l'entreprise qu'il dirige. Il estime aussi que les entreprises fabriquant des produits pourront diviser par deux leurs effectifs).


La société du pire, serait-ce celle où la sphère privée serait abolie ? Qui renoncerait pourtant à son existence virtuelle, en se retirant des réseaux sociaux, où règne la dictature du paraître ? Qui renoncerait aux objets connectés, smartphones et toutes ses applications intrusives, comme la géolocalisation et les messageries non sécurisées ? (mi-octobre, une faille de sécurité majeure des réseaux wifi est médiatisée : le protocole de chiffrement WPA2 est vulnérable, ce qui rend possible le vol d'informations comme les numéros de cartes bancaires. Ceci n'est que la plus récente des nombreuses mises en garde déjà rendues publiques, comme celles concernant aussi l'internet des objets destinés au grand public (bracelets connectés, etc.), aux propriétaires via la domotique (serrures connectées, caméras et systèmes d'alarme connectés), et aux professionnels (risques liés à la sécurité des données). 80% des objets connectés présenteraient de potentielles failles de sécurité).

La société du pire, serait-ce celle où la finance ferait la loi, malgré sa fragilité et son instabilité ? Après la crise de 2007-2009, il y a toujours aujourd'hui des banques en difficultés, mais certains appellent à une nouvelle dérégulation... Grâce aux taux d'intérêts bas, l'endettement n'a jamais été aussi élevé, que ce soit aux USA (Etat fédéral, cartes de crédit, prêts automobiles et étudiants, dettes contractées par les entreprises), en Chine (investissements massifs dans les infrastructures) et ailleurs. Malgré ces créances douteuses, les bourses sont au plus haut, les actions, survalorisées. Encore combien de temps, avant que la prochaine bulle n'éclate ?

La société du pire, serait-ce celle où on peut payer partout avec son téléphone portable, dans une société sans cash ? Ce qui obligera chacun à déposer tout son argent sur un compte, permettant d'imposer des taux négatifs à toute la population, et ainsi, d'introduire un impôt sur l'épargne... Ce qui permettra également de ponctionner les comptes en cas de krach, pour renflouer les banques ("bail in", comme à Chypre en 2013)... De plus, qu'adviendra-t-il des dépôts en cas de problème informatique ou électrique ? Les citoyens accepteront-ils de céder à leurs gouvernants le pouvoir de contrôler, de manipuler, de confisquer leur épargne ? Un projet de l'Union Européenne, révélé cet été par Reuters, autoriserait le blocage des comptes bancaires durant 20 jours pour éviter toute ruée aux guichets ("bank run")...

La société du pire, serait-ce celle où on prive le citoyen honnête et responsable de certaines de ses libertés fondamentales, comme celle d'avoir les moyens de se protéger dans le respect de la légitime défense et des lois en vigueur y relatives ? La directive européenne EU 2017/852, entrée en force cette année, restreint considérablement le droit d'acheter et de détenir légalement une arme à feu sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Pour rappel, les principaux modes opératoires utilisés par les djihadistes en Europe ont été les armes blanches (Marseille, Londres, Magnanville, Wurtzbourg, St-Etienne-du-Rouvray), et les véhicules béliers (Nice, Berlin, Londres, Stockholm, Barcelone). Moins utilisés ont été les attentats à la bombe, comme à Bruxelles, ou les armes achetées illégalement sur le marché noir, comme à Paris. Conclusion : depuis 2015 en Europe, le nombre de victimes d'actes terroristes par armes achetées légalement chez un armurier (visées par cette nouvelle directive) s'élève à... zéro. Et pourtant, on choisit de stigmatiser les tireurs sportifs, chasseurs, collectionneurs, en ne les considérant plus comme dignes de confiance, en les suspectant comme des criminels en puissance, et en les assimilant à des potentiels terroristes.

La société du pire, serait-ce celle où l'offre de divertissement serait presque illimitée ? Nous avons à disposition un nombre pléthorique de chaînes de télévision, de médias, d'informations, d'images. Sommes-nous plus instruits pour autant ? la télé-réalité, les fake news, les contenus futiles ou abrutissants sur YouTube ou ailleurs ont pris le dessus.

Cette société du pire, c'est pour quand ? Ou y sommes nous déjà ? 

Fred Deion

samedi 30 septembre 2017

Reprise de la directive UE 2017/852 restreignant l'achat et la détention d'armes

Le gouvernement suisse vient d'indiquer comment il compte reprendre la directive EU 2017/852 restreignant l'achat et la détention d'armes dans tout l'espace Schengen.

Notamment, les fusils semi-automatiques et les pistolets sont désormais des armes interdites, y compris les armes d'ordonnance suisse, pour lesquelles il faudra demander une autorisation exceptionnelle. Les magasins de pistolets de plus de 20 coups et les chargeurs de fusils d'assaut de plus de 10 coups (!) sont eux aussi soumis à autorisation exceptionnelle. Une clause du besoin est de plus introduite : l'acheteur doit désormais prouver le besoin d'acquérir une arme.

Tout ça pourquoi ? motif officiel invoqué, la lutte contre le terrorisme, quand bien même la plupart des attentats en Europe ont été commis par armes blanches ou des véhicules-béliers. Les seuls attentats commis par armes à feu l'ont été à Paris avec des armes achetées illégalement au marché noir.

Et en Suisse ? elle a le taux de criminalité le plus bas de l'Espace Schengen, alors qu'elle possède presque autant d'armes que de citoyens (la Suisse est le 3ème pays qui a le plus d'armes au monde par habitant, après les USA et le Yémen). Sans que cela pose le moindre problème. Sauf pour la Commission européenne à Bruxelles ?

vendredi 11 août 2017

Nous sommes Suisses, et les Suisses ne rendent les armes qu'avec la vie !

10 août 1972 : Le Roi ordonne aux Suisses de déposer les armes

Le 10 août 1792, abusé par de fausses promesses et des nouvelles contradictoires, le Roi de France Louis XVI décide d’abandonner le château des Tuileries pour se placer sous la « protection » de l’Assemblée nationale. Escorté par une compagnie de soldats suisses commandés par le capitaine d’Erlach et flanqué de cinquante grenadiers des Filles Saint-Thomas, le Roi et sa famille se rendent aux députés de l’Assemblée nationale. Durant d’interminables heures sanglantes, l’escorte du Roi, puis les soldats assignés à la défense des Tuileries vont subir les attaques rageuses d’une foule assoiffée de vengeance. 

Dans la confusion de ces heures sombres, un message du roi ordonnant aux Suisses de se retirer dans leurs casernes sera mal interprété par un émissaire, conduisant les Suisses à se porter au secours du Roi, retenu au sein de l’Assemblée nationale. Arrivés après de lourdes pertes auprès de celui qu’ils avaient tous juré sur leur honneur et leur fidélité de défendre, les Suisses ne peuvent que constater que le Roi a été déchu de ses pouvoirs. Croyant alors pouvoir encore les sauver, le Roi ordonne que les Suisses rendent leurs armes à la garde nationale. Il signe alors l’arrêt de mort de ses fidèles Suisses. 

Son ordre du 10 août 1792 est encore conservé au musée du Carnavalet, voici sa teneur : « Le Roi ordonne aux Suisses  de déposer à l’instant leurs armes et de se retirer dans leurs casernes. » Sur les quelques 950 officiers, sous-officiers et soldats suisses en fonction, 850 furent massacrés entre le 10 août 1792 et le 3 septembre. Ce sacrifice incroyable a été dû à la conjugaison d’ordres d’un roi faible et indécis, à la barbarie d’une foule manipulée par les Jacobins et révolutionnaires de tous clubs, ainsi qu’à la discipline immuable des régiments suisses au service étranger. La nouvelle de ces massacres eut des échos en Suisse où l’indignation la plus vive fut ressentie. Le massacre des Tuileries et le récit des horreurs commises contre les Suisses marquèrent le glas des bonnes relations entretenues entre le Royaume de France et la Suisse (Diète) qui prévalaient depuis 1453, date de la première alliance entre français et suisses. 

10 août 2017 : L’UE ordonne aux Suisses de déposer les armes...

225 ans séparent ces deux injonctions, mais toujours la même volonté derrière ces mots : désarmer ! En 2017, ce n’est plus un Roi de droit divin qui ordonne, mais une commission européenne auto-proclamée, sans aucune légitimité démocratique, dont la toute-puissance frappe aussi bien les Polonais réticents à un changement de lois, les Tchèques empreints de liberté et de sécurité ou encore les Hongrois refusant des contingents de migrants illégaux. 

225 ans mais toujours la même rengaine : Que les Suisses rendent les armes ! 

A ces mots, seule la phrase du sergent Blaser de Soleure peut faire écho : « Nous sommes Suisses et les Suisses ne rendent les armes qu’avec la vie ! » 

Savièse, le 10 août 2017, Robin Udry Secrétaire général de proTELL

Le 7 août 1817, la Diète fédérale ordonnera la distribution d’une médaille commémorative aux 345 survivants du Régiment des Gardes-Suisse de France et en 1818, Karl Pfyffer von Altishofen, un officier du Régiment des Gardes-suisses en congé à l’époque du massacre des Tuileries, organise une collecte de fonds destiné à la création d’un monument en hommage à ses camarades disparus. Entre 1820 et 1821, le fameux Lion de Lucerne est taillé dans une ancienne carrière, rappelant les vertus des soldats suisses au service de France. La devise gravée est la suivante : Helvetiorum Fidei ac Virtuti (À la loyauté et à la bravoure des Suisses). Ce monument est l’un des plus visités de Suisse avec plus de 1,4 millions de visiteurs/an.

Les fausses bonnes nouvelles

Ces derniers temps, les fake news et autres faits alternatifs sont à la mode.
Ce mois de juillet, bienvenue à une autre variante : les fausses bonnes nouvelles.

Quelques exemples :

1) La Grèce réussit son retour sur les marchés, en empruntant 3 milliards d'euros. Pour le gouvernement grec,"un succès absolu", "une réussite totale", "des bases solides". Fantastique.
Avec une dette insoutenable de plus de 320 milliards d'euros, soit 180% de son PIB, qui ose réellement partager cet optimisme ? En dehors d'Athènes, de la Commission européenne et des téméraires, ou mécènes,  qui ont souscrit à cet emprunt ? D'autres resteront convaincus que la vraie bonne nouvelle pour la Grèce aurait été de sortir de l'euro dès fin 2009, pour dévaluer leur monnaie et ainsi réduire leur endettement colossal. En ne reniant pas le dogme de la monnaie unique, Athènes a fait plaisir aux eurocrates, mais n'est jamais parvenue, ces huit dernières années, ni à diminuer sa dette, ni à alléger l'austérité dont est frappée sa population.

2) La Chine pourrait devenir un parmi les premiers pays à supprimer le cash. Fantastique.
Il n'y a en effet déjà plus grand-chose que les Chinois ne paient pas avec leur téléphone portable. En 2016, la valeur des marchandises achetées à partir de terminaux s'est élevée à 5000 milliards d'euro. Le paiement mobile est tellement entré dans les moeurs que certains points de vente chinois n'acceptent plus les billets de banque et affichent le code QR que leurs clients n'ont qu'à scanner pour régler leur transaction.

A mettre en relation (ce qui ne semble pourtant pas être le cas !) avec l'endettement chinois. D'une part, hausse de la dette privée, car des millions de jeunes empruntent grâce aux faibles taux d'intérêts, entraînant une flambée du prix des logements, faisant redouter une bulle immobilière. Subprime bis ? D'autre part, la dette totale du pays est passée de 140% à 260% du PIB en une décennie, également en raison du massif investissement public à crédit dans les infrastructures.

En supprimant le cash, on oblige la population à déposer ses avoirs sur un compte. En cas de crise financière, l'Etat pourra se refinancer en imposant des taux négatifs à toute la population, ce qui reviendra à introduire un impôt sur les dépôts. Alors, les citoyens qui acceptent de céder à leurs gouvernants le pouvoir de contrôler, de manipuler, de confisquer leur épargne, une bonne nouvelle ?


3) Des politiciens et journalistes américains se félicitent du bon fonctionnement des contre-pouvoirs : en réponse à la supposée russophilie de Trump, le Sénat adopte en effet des sanctions supplémentaires contre la Russie. Fantastique.

Conséquences de cette ("bonne") nouvelle : (liste non exhaustive)
  • fragilisation supplémentaire de la présidence américaine, déjà mise à mal par l'échec de la réforme sur l'Obamacare et le déballage des querelles intestines régnant à la Maison Blanche
  • augmentation des tensions entre les deux puissances nucléaires
  • représailles russes, en réponse à "l'insolence" des USA (dixit Poutine)
  • l'Europe devient une victime collatérale des nouvelles mesures américaines, puisque celles-ci prévoient aussi de sanctionner les entreprises qui travaillent sur des pipelines venant de Russie, par exemple en limitant leur accès aux banques et en les excluant des marchés publics aux États-Unis.
Sur ce dernier point, précisons que cinq groupes européens collaborent à la construction d’un gazoduc avec la Russie. Il en va donc des approvisionnements en gaz de l'Europe ! Si cette priorité stratégique a échappé au Sénat américain, elle a fait réagir de ce côté-ci de l'Atlantique. Pour ne prendre qu'un exemple, le chef de la diplomatie allemande a indiqué que "nous n’accepterons en aucune façon l’application extraterritoriale de ces sanctions américaines contre des entreprises européennes". Sera-t-il entendu, et son vocabulaire compris ?

On peut se poser la question, vu la façon de s'exprimer du nouveau directeur de la communication de la Maison Blanche, Anthony Scaramucci (ex Goldman Sachs). Rappelons la vulgarité avec laquelle il a qualifié deux de ses collègues ("putain de schizophrène paranoïaque" pour l'un, insulte grossière à caractère sexuel non publiée pour l'autre).

Rappelons aussi comment s'était exprimée une diplomate américaine au sujet de la crise en Ukraine : "Fuck the EU".

Alors, plutôt que de parler d' "application extraterritoriale de ces sanctions", la diplomatie européenne ne devrait-elle pas changer de terminologie pour être sûre de se faire comprendre par son homologue américaine ? Au hasard, "Fuck the US", semble sonner juste.

L'utilisation d'un tel vocabulaire, voilà ce qui constituerait enfin une vraie bonne nouvelle.

mardi 18 juillet 2017

Alors, ce krach, c'est pour quand ?

En ce mois de juillet chaud et indolent, propice au farniente et à l'insouciance, il aura certainement échappé à certains lecteurs quelques petites phrases entendues ici ou là :

Commençons par les rencontres économiques d'Aix-en-Provence qui viennent de s'achever :

"Il y aura une nouvelle crise, je ne sais pas quand, mais ce dont je suis sûr c'est qu'elle pourrait être un évènement dramatique pour notre style de vie, pour la démocratie et les valeurs libérales", a mis en garde Paul Tucker, ancien vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE).

Depuis la crise des subprimes (2007), "mis à part le fait qu'on ait plus de régulation aujourd'hui, la situation est pire d'un point de vue macroéconomique", a soutenu Alfonso Prat-Gay, ancien ministre argentin des Finances et du Budget. "Les prix de l'immobilier aux Etats-Unis sont revenus à des pics", a-t-il poursuivi, tandis que "les niveaux d'endettement aussi bien dans le secteur public que privé" atteignent des sommets.

Parmi les autres ombres au tableau citées par les experts, "la décennie de taux d'intérêt quasiment nuls a conduit à une prise de risque excessive par certains acteurs, par une survalorisation de certains marchés boursiers", a commenté pour sa part Catherine Lubochinsky, du Cercle des économistes, groupe de réflexion organisant l'événement.

En résumé : taux d'intérêt bas, explosion de la dette, créances douteuses, actions survalorisées : les excès de la finance ravivent, chez les experts réunis à ces rencontres économiques, les craintes d'un nouveau choc mondial, dix ans après une crise qui a bouleversé la planète.

Pendant cette dernière décennie, l'endettement des sociétés françaises non financières est ainsi passé de l'équivalent de 50% à 70% du produit intérieur brut (PIB), a affirmé la semaine passée l'Autorité des marchés financiers. "Une exception en Europe" qui pourrait se traduire par des "problèmes de solvabilité" en cas de remontée des taux ou de "choc sur l'économie".

Egalement la semaine passée, le Fonds monétaire international (FMI) a alerté de son côté sur les "risques négatifs" que peuvent représenter pour l'économie globale "l'incertitude sur les politiques dans les économies avancées" mais aussi "les vulnérabilités du secteur financier et un soudain durcissement des conditions financières".

Ailleurs en Europe, les problèmes des secteurs bancaires, notamment en Italie et au Portugal, continuent d'inquiéter. "Il n'est pas normal que des difficultés localisées pèsent à ce point sur l'image d'ensemble d'un secteur bancaire européen", a regretté le banquier central François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, toujours la semaine passée.

Et outre-Atlantique ? La Maison-Blanche a fait un pas de plus vers un allègement de la régulation bancaire en désignant M. Quarles comme régulateur en chef et en charge de la supervision. La désignation de ce financier bienveillant envers les grandes banques donne une nouvelle impulsion à la volonté de l'administration Trump d'alléger les garde-fous mis en place après la crise financière de 2007-2008 par la loi Dodd Frank (ces règles visent à éviter qu'une grande banque ne soit "trop importante pour faire faillite" (too big to fail) et qu'elle puisse être sauvée par l'argent des contribuables en cas de crise).  Dans une tribune au Wall Street Journal en 2016, M. Quarles s'était élevé "contre les conséquences d'une augmentation considérable des fonds propres des banques équivalant à une hausse du coût des crédits bancaires". L'administration Trump et des élus républicains veulent aussi alléger les tests de résistance des grandes banques et minimiser, voire faire disparaître, la règle "Volcker", qui limite la spéculation des banques pour leur propre compte. Même Mme Yellen (présidente de la Réserve fédérale) a mis en garde récemment contre la tentation de déréguler en oubliant les ravages provoqués par la crise financière de 2008.

Et en Chine ?  Pour assouvir leur soif de consommation, des millions de jeunes Chinois s'endettent sans compter, au point d'inquiéter le monde de la finance. Les faibles taux d'intérêt les encouragent à s'offrir des voitures neuves : le crédit auto augmente de 40% par an. La flambée du prix des logements fait également redouter une bulle immobilière. Ainsi, les emprunts des ménages ont augmenté de 19% en moyenne par an depuis 2011. A ce rythme, la dette des ménages doublera pour atteindre 8.600 milliards d'euros en 2020, en raison de l'abaissement des critères d'attribution de prêt aux particuliers. Subprime bis ?

En une décennie, la dette totale du pays est passée de 140% à 260% du PIB. L'investissement à crédit dans les infrastructures et l'immobilier a soutenu la croissance rapide de la Chine. Mais l'inquiétude augmente quant au fait que ces années de crédit gratuit pourraient conduire à une crise financière aux implications mondiales. Et le ralentissement de l'activité économique inquiète les marchés: l'agence Moody's a récemment abaissé la note de la dette chinoise, pour la première fois depuis près de 30 ans. L'agence Fitch estime elle que "des niveaux d'endettement élevés et croissants constituent un risque significatif" et "augmente la probabilité de chocs économiques et financiers". Le FMI s'est lui aussi inquiété le mois dernier des risques financiers qui pèsent sur le pays.

Alors, ce krach, c'est pour quand ? En mettant toutes ces pièces de puzzle ensemble, l'image finale sera celle d'un "perfect storm"  lorsqu'elle sera complète. Dans quelques mois ou dans quelques années ?

L'histoire récente des krachs peut nous aider à répondre :
  • l'euphorie des années 1980 a connu un terme avec le krach du lundi noir du 19 octobre 1987
  • 13 ans plus tard, l'éclatement de la bulle internet a débouché sur le krach de 2000-2001
  • 7 ans plus tard, la crise subprime a déclenché le krach de 2007-2008
Au vu de cette périodicité, et de la situation actuelle (présence de nombreuses bulles, endettement mondial, crise dans la zone euro (déclenchée par le défaut grec) et de banques européennes, dérégulation aux USA, bombe à retardement chinoise...), nul besoin d'être grand prophète pour prévoir le prochain krach au plus tard dans les années 2020, si pas avant. Mais attention, plus on tombe de haut, plus ça fait mal : ce sera the Big One, LE krach.

dimanche 16 juillet 2017

Schengen et la directive européenne sur les armes

Article écrit par Frank Leutenegger, publié sur https://swissguns.ch/ et repris avec son aimable autorisation.

"Le Conseil fédéral et tous les politiciens favorables à un durcisseent des lois sur les armes affirment qu'un refus d'appliquer le droit européen entraînerait automatiquement la fin de l'accord de Schengen pour la Suisse. Les défenseurs d'un droit libéral sur les armes sont persuadés du contraire. Alors ? La réponse est à la fois "oui" et "non".

Schengen, qu'est-ce que c'est ?

L’accord de Schengen a été signé le 14 juin 1985 par cinq des membres de la Communauté européenne d'alors : l'Allemagne de l'Ouest, la France et les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), pour créer un espace de libre circulation des biens et des personnes. Quand la Suisse y a adhéré, on a laissé de côté les marchandises.

Au départ, il s'agissait donc simplement d'un accord de libre circulation. Mais les dirigeants européens ont voulu des mécanismes de sécurité, pour éviter la libre circulation des gangsters, des armes, de la drogue, etc.

Et c'est là que tout a dérapé. Au lieu d'établir quelques règles simples, Bruxelles a pondu quelques "monstres":
- le système SIS (Système d'Information Schengen), un méga fichier informatique pour recenser les criminels de l'Europe, mais que certains pays ont utilisé pour ficher, par exemple, les propriétaires d'armes. Ce qui a entraîné, une fois, en Allemagne, une interpellation musclée d'un brave automobiliste, coupable de faire du tir sportif en France. A retenir que les autorités suisses contribuent à l'alimentation du fichier SIS, mais ont toutes les peines en avoir des retours;
- l'autre monstre, c'est bien sûr la directive européenne sur les armes. Le projet de base de 1991 pouvait être considéré - d'un point de vue européen, pas suisse bien sûr - comme raisonnable. Mais chaque socialiste, chaque écolo (chaque rouge, pour simplifier) a tenu a ajouter son idée sécuritaire.

Résultat ? Un galimatias qui fait rigoler criminels et terroristes, mais qui fait suer tous les propriétaires d'armes honnêtes. Mais ce recueil de stupidités fait désormais partie de l'acquis de Schengen, que la Suisse a à cœur de reprendre. Et donc, la Suisse adapte son droit national pour se plier à ces "développements"... et si on n'y prend garde, ces "développements" vont se succéder, jusqu'au désarmement final.

Alors, sommes-nous obligés ou non de reprendre ce fatras ? Le Conseil fédéral lui-même explique sur son site internet que non: "La Suisse peut décider de manière autonome si elle désire reprendre ou non un nouvel acte juridique de l’acquis de Schengen". Et si nous refusons de reprendre la "Dîrêctîve", le même site précise que : "Si la Suisse refuse de reprendre un nouvel acte juridique, elle recherche avec l’UE une solution adaptée pour poursuivre la coopération". Mais il est vrai que si on ne trouve pas de point d'entente, "si aucun compromis n’est possible, l’accord peut, en dernier recours, être dénoncé".

Il est évident qu'en cas de référendum, Bruxelles et Berne feraient pression dans ce sens. Mais, si les Suisses refusaient les modifications prévues, que se passerait-il ? Le Conseil fédéral proposerait sans doute une version light, comme celle de l'application de l'initiative contre l'immigration de masse. Nous devrions alors être prêts à imposer notre version d'un accord avec l'Europe... par exemple ne pas supprimer la libre circulation des personnes, mais celle des armes (à affiner sérieusement). Et nous avons de sérieux atouts, quand on sait que la Suisse est actuellement le plus gros investisseurs dans l'Union européenne, 55 milliards d'euros en 2016 !

Et si on cassait tout ?


Cela dit, si Schengen devait sauter, quel serait le degré du malheur ? Les mêmes qui nous prédisaient chômage, disette et récession en 1992, lors du vote sur l'EEE, entonnent aujourd'hui la même chanson sinistre. Retour des contrôles aux frontières... les frontaliers empêchés de venir travailler chez nous... Euh, les mêmes admettent que seuls 3 % des étrangers étaient contrôlés aux frontières. Effectivement, je ne me souviens pas de files d'attente à la frontière franco-suisse, comme il y en a toujours à l'est entre membres et non membres de Schengen.

Donc nous reviendrions à la situation d'avant 2008. Les frontaliers entraient en Suisse, les Suisses allaient en Europe jouer aux touristes. Rien de plus. Je n'ai pas souvenirs d'enfants suisses pleurant de misère devant l'Europe triomphante.

Si... il y a quelque chose de plus. Quand le Conseil fédéral nous a vendu Schengen, il a annoncé une facture de moins de 7,5 millions de fr. par an. Un joli mensonge, justifié par la chef du DFJP, Simonetta Sommaruga, qui a admis à la RTS qu'on avait "mal évalué" ces coûts. Aujourd'hui, on en est à plus de 100 millions par an et l'Europe nous réclame encore cet été (2017) une rallonge pour aider nos cousins de l'est. Combien ? Mystère. Il y environ 3 milliards de francs à répartir et on attend beaucoup de la solidarité suisse."

Frank Leutenegger

Le peuple suisse sera-t-il le seul à s'opposer à cette directive ? (La France l'a déjà reprise dans son droit national) Sur le même site https://swissguns.ch/ on peut aussi lire : 

"Le parlement tchèque vient de voter ce 28 juin, à une écrasante majorité (139 sur 168), une loi qui permet aux citoyens d'acquérir librement armes et munition, même sans permis. Elle a été entérinée pour contrer officiellement l'initiative de l'Union européenne.

La république tchèque compte déjà plusieurs centaines de milliers de citoyens au bénéfice d'un permis de port d'arme, environ 3% de la population. Ces personnes sont généralement perçues non comme un danger, mais comme un atout pour la sécurité publique.

Dans le même esprit, il y a deux semaines, le ministre de l'Intérieur, Milan Chovanec, annonçait que la République tchèque allait déposer d'ici à la mi-août une plainte auprès de la Cour de Justice de l'UE contre les nouvelles règles européennes en matière d'armes.

"Nous ne pouvons pas permettre que l'UE, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, s'immisce de manière inadéquate" dans les affaires des Etats membres et de leurs citoyens, avait déclaré M. Chovanec, dans un communiqué, rendu public à l'issue du conseil des ministres à Prague.

Voila qui va beaucoup plus loin que la "mise en œuvre pragmatique" de la directive européenne, prônée par le Conseil fédéral. Voila qui montre qu'il reste en Europe des gens qui sont prêts à assumer la responsabilité de leur liberté."

Frank Leutenegger

samedi 15 juillet 2017

Homme versus nature : sommes-nous prêts à être conquis ?

Quelques extraits du dernier et excellent article de Dmitry Orlov, publié sur le net :

"Depuis un peu plus de quatre siècles, à partir des années 1600, le récit dominant en Occident a été « La conquête de la nature par l’homme ». De là, cette histoire s’est répandue dans le monde entier comme l’« Homme » a vaincu tous ceux qui se tenaient devant lui. Et même maintenant, alors que l’Occident entre dans sa sénescence, déchiré par des conflits internes, défaillant démographiquement, débordé par les migrants d’un large éventail d’États faillis et organisant des catastrophes environnementales à l’échelle planétaire, cette croyance inaltérable des victimes de l’éducation publique autour du monde demeure : « Le but de la nature est de servir l’homme ».

Cette croyance est en contradiction avec la nature car il s’avère, dans le schéma naturel des choses, que la fonction de l’homme est celle d’être mangé et que seuls quelques chanceux pourront finir fossilisés accidentellement. Ces jours-ci, beaucoup d’entre nous sont transformés en cendres, pour économiser de l’espace – un processus de gaspillage, biologiquement parlant – mais normalement, si on est enterré, notre destinée est de nourrir les vers, les insectes et autres décomposeurs, alors que si on tombe sur le sol même, des corbeaux, des vautours, des rats et divers autres charognards ne seront que trop heureux de se régaler de nous.


Mettez cela dans une perspective appropriée et en finir avec nous n’est même pas une tâche si insurmontable. Tassé par un compacteur et empilé en blocs d’un mètre cube, toute l’humanité pourrait entrer dans un cube d’un peu moins d’un kilomètre de côté. Étalés uniformément sur toute la surface de la Terre, nous formerions un film d’à peine un micron d’épaisseur – indétectable sans équipement spécial et facilement digéré par le biote biologique de la planète. Comparez cela aux épais tapis microbiens qui ont donné lieu à des dépôts de pétrole brut que nous brûlons actuellement à une vitesse vertigineuse : l’homme moyen brûle huit fois son poids corporel en pétrole brut chaque année.

C’est le pétrole brut, ainsi que le charbon, le gaz naturel et l’uranium, qui multiplient notre puissance insignifiante à un point où les résultats de notre activité deviennent visibles de l’espace extra-atmosphérique sur de vastes étendues de la surface de la planète. Si on prend les chiffres, il s’avère que le pétrole brut consommé nous permet de multiplier notre énergie physique et endosomatique par environ 44 000 000. Ajoutez du charbon, du gaz naturel et de l’uranium, et vous obtenez environ un facteur d’amplification de nos pouvoirs physiques d’une  centaine de milliers. C’est cela qui a permis la récente « conquête de la nature » par l’homme. Sans les combustibles fossiles, la meilleure énergie exosomatique que nous pouvons exploiter, c’est un équipage de deux chevaux, bœufs, buffles d’eau ou ce que vous avez sous la main. Au delà, cela devient difficile à gérer pour un seul humain. Les chevaux et les autres grands ruminants multiplient notre pouvoir d’un facteur 15 ou plus. Mais déjà cela, si vous y pensez bien, c’est beaucoup.

On sait que l’amplification par cent mille de nos maigres pouvoirs physiques grâce aux combustibles fossiles va diminuer avec le temps, nous laissant avec quelques chevaux sur lesquels nous replier si nous sommes chanceux. Passer d’un facteur cent mille à quinze va sûrement être un choc pour certaines personnes, ce qui leur fait prétendre que cela va sonner la fin de la civilisation humaine. D’autres affirment que la civilisation humaine est condamnée parce que brûler environ la moitié de tous les combustibles fossiles récupérables en seulement quelques siècles a déstabilisé le climat. Comme si cela ne suffisait pas, le professeur Guy McPherson  prédit hardiment que les humains vont s’éteindre avant le 1er janvier 2026 (qui tombe un mercredi). Et à l’autre extrémité du spectre des illuminés qui font des prédictions désastreuses, nous trouvons le professeur Stephen Hawking. En écoutant la radio, je l’ai récemment entendu proclamer, de sa voix robotique vintage, que Trump décidant de quitter l’Accord de Paris sur le changement climatique pourrait finir par faire ressembler la Terre à Vénus, avec des champs de lave et des pluies d’acide sulfurique. Il a dit que nous ferions mieux de commencer à réfléchir à construire des colonies dans l’espace si nous voulons survivre.

Je suis profondément en désaccord avec tout ce qui précède. Pour savoir où je me situe et, plus important encore, pour savoir où vous, vous vous situez, commençons par examiner la suggestion de Hawking selon laquelle la Terre peut finir par ressembler à Venus simplement en brûlant des combustibles fossiles. Il y a très très longtemps la Terre avait une atmosphère sans oxygène. À cette époque, elle était également exempte d’animaux, car il n’y avait rien pour respirer, mais au fil du temps, une flore importante est apparue, sous forme d’algues et d’amas microbiens, qui ont photosynthétisé et photosynthétisé, et ont évolué en divers types de plantes, qui ont continué à photosynthétiser jusqu’à ce que l’atmosphère de la Terre soit remplie d’oxygène, tandis que le CO2 devenait une simple trace chimique.

Beaucoup de ces premiers organismes issus de la photosynthèse ont été enterrés dans la croûte terrestre. Un petit pourcentage d’entre eux ont été transformés en combustibles fossiles, les autres se décomposant ou formant de vastes dépôts de matière organique diffuse économiquement inutilisable. Un petit pourcentage de ces dépôts qui se sont révélés technologiquement accessibles pour nous, nous ont permis de creuser, de pomper et de brûler environ la moitié de ce pourcentage. A aucun moment, la Terre n’a approché le climat de Vénus, pas même quand elle était dépourvue de vie, ni lorsqu’elle était pleine de plantes photosynthétisées primordiales qui étaient occupées à changer l’atmosphère, de riche en CO2 à pauvre en CO2 et riche en oxygène. Il est donc raisonnable de penser que l’atmosphère ne finira pas par devenir comme celle de Vénus même si nous finissons de brûler tout le carbone sur lequel nous pourrions mettre la main.

Cela dit, les changements climatiques sont très réels, et ceux qui nient cette réalité appartiennent malheureusement au grand contingent de personnes dont l’accomplissement personnel consiste à gêner sans cesse des gens qui ne seront jamais comme eux. Nous allons faire face à de nombreux siècles de changements climatiques profonds : les inondations côtières, la désertification des terres agricoles, les glissements de terrain et les inondations causées par les pluies torrentielles, plus d’autres types de phénomènes météorologiques, de tremblements de terre et de tsunamis déclenchés par la fonte glaciaire, etc. Physiquement parlant, le changement climatique est tangible, mesurable, observable et indéniable.

Mais le changement climatique d’un point de vue politique est un canular. Les efforts politiques visant à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de carbone et en investissant dans les « énergies renouvelables » ne sont utiles que pour alimenter diverses formes de corruption : des projets d’une vanité stupides comme ceux de Tesla et d’autres dont les véhicules électriques, dans une comptabilité honnête, augmentent plutôt que ne réduisent les émissions de carbone ; des moyens de gaspiller l’argent public pour des parcs éoliens et des fermes de panneaux solaires qui deviendront inutiles une fois que la fabrication d’équipements électriques (fonctionnant grâce aux combustibles fossiles) qui entraîne la demande d’électricité va baisser ; les biocarburants et divers types de non-sens liés à la haute technologie. Un effort significatif pour conserver ce qui reste du statut quo climatique impliquerait de réduire la consommation de combustibles fossiles à zéro immédiatement, et aucun politicien n’ira jamais proposer cela. Ainsi, l’idée que les politiciens feront tout ce qui est utile pour lutter contre le changement climatique est juste un rêve.

Ensuite, regardons la suggestion de Hawking selon laquelle nous devons construire des colonies spatiales et évacuer la Terre. (...) Combien de colonies spatiales allons-nous construire, et combien de personnes vont-elles abriter ? Plus important encore, quel genre de personnes seront-elles ? De toute évidence, pour recueillir suffisamment d’argent pour construire même quelques colonies spatiales capables de loger quelques centaines de personnes, il faudrait des milliards de dollars, et les seuls personnes avec ce genre de ressources à épargner sont les plus riches. Cela répond à la question de savoir qui habiterait ces colonies : les über-riches – les mêmes gens qui dépensent actuellement des millions pour le tourisme spatial. (...) Mais je ne vois pas cela comme un développement particulièrement probable. Le problème avec les colonies spatiales, outre leurs coûts énormes et le manque de technologie éprouvée pour les construire et les lancer, c’est qu’elles doivent être construites sur Terre, par des ingénieurs et des techniciens terriens. Il n’y a pas d’installations ou de matériaux pour les construire dans l’espace. Toutes les fournitures et les pièces de rechange doivent être fabriquées et réapprovisionnées depuis la Terre. Une fois que la civilisation humaine ne sera plus là à la surface de la planète, que deviendront les colonies de l’espace ? Elles manqueront de nourriture, d’eau, d’oxygène, de pièces de rechange et de sang frais (la reproduction humaine dans l’espace doit encore être tentée).

En ce qui concerne la colonisation d’autres planètes, Venus sus-mentionnée n’est pas un candidat et ni Mars après une sobre réflexion. Il y fait trop froid, l’atmosphère est trop mince, la gravité trop faible et le rayonnement trop fort. Mars est un piège mortel. Il n’y a pas d’autres candidats. Jusqu’à présent, les faits me donnent raison : les riches paranoïaques n’investissent pas dans les colonies spatiales. Au lieu de cela, ils mettent beaucoup d’argent sur la table pour des bunkers souterrains et des abris dans des endroits éloignés. À partir de toutes les données disponibles, il semble qu’ils envisagent de faire leur dernier effort ici sur Terre, pas dans l’espace. (...)

Mis à part les problèmes d’un certain milieu culturel menacé, je constate clairement que, une fois l’extravagance des combustibles fossiles terminée et que les systèmes de soutien à la vie qui dépendent des combustibles fossiles auront échoué, une vaste mortalité s’ensuivra. Un très grand nombre de personnes ne vont se disputer aucun combat. Après avoir été conditionnées toute leur vie à obéir aux autorités, pour être prises en charge en retour, elles se tiendront là avec patience ou impatience, en attendant l’aide et les instructions venant d’en haut, instructions qui ne viendront jamais.

Mais il y a beaucoup de gens autonomes et accoutumés à vivre près de la nature, et certains d’entre eux vont bien. Il y a aussi certaines personnes qui sont, par nature, proches de la nature sauvage, et elles vont prospérer. Avancez de quelques milliers d’années, et il y aura encore des humains autour de vous, non plus des conquérants de la nature, mais plus une curiosité mineure en son sein : des singes bipèdes nus qui bavardent. Ils ne vont plus conquérir grand chose, ayant déjà utilisé toutes les ressources naturelles non renouvelables sur lesquelles ils pourraient mettre la main pendant leur faible durée de vie de quelques millions d’années comme espèces de mammifères. Mais étant très adaptables et ingénieux, ils trouveront des moyens de survivre.
Ils vont chasser, pêcher, rassembler des fruits et des légumes sauvages, et manger des larves et des insectes s’ils le doivent. Ils vont occuper des journées entières et des mois à se raconter des histoires, à chanter des chansons, à élever des enfants et à passer de bons moments. Quelle chance ils auront, plus besoin de se raser, de se doucher ou d’utiliser des déodorants. Ils n’auront aucune conception de l’inviolabilité de la propriété privée ou de l’espace personnel, et auront tendance à être désinhibés et directs dans leur choix de partenaires sexuels. Donc peut-être que vous ne voudriez probablement pas les voir trainer autour de chez vous et vous pourriez peut-être penser à eux comme à des « sales hippies » ou même comme à des « brutes ». Mais ce n’est pas important. Il n’est pas non plus important qu’ils souhaitent que vous, vous viviez dans le coin : nous, les humains, avons peu d’utilité pour d’autres tribus humaines, à l’exception de quelques  raids et captures de fiancées. Ce qui est important, c’est : êtes-vous prêt à être conquis par la nature  ? Parce que vous devriez peut-être travailler là-dessus."

dimanche 4 juin 2017

bye bye America

(article publié le 4 juin et mis à jour le 8 juin)

Lors de son premier voyage à l'étranger, Trump a joué plusieurs rôles qui méritent d'être relevés :
  1. Premier rôle de Trump, représentant de commerce du complexe militaro-industriel américain en Arabie Saoudite, où il a par ailleurs condamné le soutien iranien au terrorisme. C'est ne pas tenir compte de la lutte de l'Iran chiite contre l'Etat Islamique sunnite. C'est ne pas tenir compte non plus du soutien dont bénéficie ce même Etat Islamique de la part de certaines pétro-monarchies sunnites, mais comme ces dernières signent de juteux contrats, l'oncle Sam ferme les yeux, tourne la tête ailleurs et ce faisant, accepte de pactiser avec le diable (ajout lors de la mise à jour du 8 juin : entretemps, l'Iran est victime d'un attentat de l'Etat Islamique commis à Téhéran, et 10 pays du Golfe et d'ailleurs rompent leurs relations avec le Qatar, en donnant pour raison son soutien au terrorisme. Bien que ce motif soit avéré, que dire de l'Arabie Saoudite qui mène cette fronde contre son voisin qatari, si ce n'est qu'elle diffuse l'Islam le plus radical dans le monde entier depuis des décennies en toute impunité ?)
  2. Deuxième rôle de Trump lors de ce voyage : allié indéfectible d'Israël, sans un mot sur les violations des droits de l'homme, la grève de la faim des prisonniers palestiniens, la poursuite de la colonisation, la situation dans les territoires occupés, etc.
  3. Troisième rôle de Trump lors de ce voyage : ex-allié des pays d'Europe de l'Ouest, en refusant de s'engager sur l'assistance mutuelle entre pays membres de l'OTAN, prévue par l'article 5 du traité de Washington, ce qui a fait dire à Mme Merkel : "L'époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est quasiment révolue. Nous devons nous battre pour notre propre destin." Réponse de Trump en allusion au déficit commercial avec l'Allemagne et à l'insuffisance de leurs dépenses militaires : "Very bad for the US". Réponse du ministre allemand des affaires étrangères : "Il ne s'agit plus de la nation la plus importante dans le monde". Et ainsi de suite, la guerre des mots continue, par tweet, communiqué ou interview interposé...
A son retour à la Maison Blanche, Trump annonce le retrait des USA de la COP 21, accord de Paris sur le climat (comme une diversion aux affaires ? ajout lors de la mise à jour du 8 juin : entretemps, l'audition au Sénat de l'ex-directeur du FBI James Comey a eu lieu, témoignage accablant constitutif d'obstruction à la justice). En attendant ce nouveau scandale, ce retrait de la COP 21 provoque un tollé planétaire, des dégâts d'image considérable, un probable isolement US sur la scène internationale et une perte conséquente de l'(ex)leadership mondial américain.
Les pays d'Europe occidentale semblent enfin en prendre conscience. Vont-ils définitivement cesser d'être les laquais de Washington et se détourner de l'Ouest au profit de partenariats à l'Est plus fiables et plus crédibles, et reposant sur une base plus équilibrée ?

Les pays avec qui les européens auraient tout intérêt à se rapprocher sont légions. Citons la Russie (Gazprom fournit un tiers du gaz européen), l'Inde (L'UE est son premier partenaire commercial), la Chine (promotrice de la "nouvelle route de la soie", liaisons routière et ferroviaire entre l'Europe et la Chine, dont c'est l'une des priorités), l'Iran (l'accord sur le nucléaire iranien et la réélection du président Rohani permettent d'envisager un approfondissement de leurs liens commerciaux), la Turquie (l'Europe bénéficie déjà de l'accord signé avec Ankara sur les réfugiés et l'immigration), mais aussi la Corée du Sud et l'Indonésie.

Fred Deion

jeudi 1 juin 2017

Le 21ème siècle, le nouveau Moyen-Age

(article également publié sur le site http://lesakerfrancophone.fr/ et repris par http://www.pearltrees.com/t/revue-presse-inter/id15136489/item202051401, http://reseauinternational.net/le-xxie-siecle-le-nouveau-moyen-age/, http://lintegral.over-blog.com/2017/05/le-xxie-siecle-le-nouveau-moyen-age.html), http://lesobservateurs.ch/2017/06/05/le-21eme-siecle-le-nouveau-moyen-age/

Si l'histoire se répète, le passé indique le futur ; et pour imaginer ce que notre 21ème siècle pourrait bien nous réserver,  le Moyen Age est une excellente source d'inspiration. Celui-ci commence et se termine par des drames et tragédies ; et entre son début et sa fin, toute la période est troublée. Tout d'abord, effectuons un petit voyage en arrière.

Le début du Moyen Age est généralement fixé à la chute de l'Empire Romain d'Occident, chute qui met un terme à six siècles de domination romaine sur une grande partie de l'Europe. Des premières invasions germaniques en 406, jusqu'à la déposition en 476 du dernier empereur Romulus Augustule, il n'aura fallu donc que 70 ans pour solder plus d'une demi-millénaire d'hégémonie romaine sur le monde méditerranéen ! Grâce aux rapports archéologiques, on sait que cet effondrement a été un désastre pour des millions de gens
, car l'Empire était parvenu à un stade très élevé de sophistication pour toute la société. Les citoyens romains ont en effet bénéficié d'un confort très élevé (proche de celui dont profite nos populations au 19ème siècle), d'infrastructures performantes (eau courante grâce aux aqueducs, évacuation des eaux usées via un réseau d'égouts, thermes, hôpitaux, routes, etc.) qui sont ensuite tombé en décrépitude. La fin de l'Empire d'Occident a donc été synonyme d'un recul de niveau de vie de plusieurs siècles en arrière.

Le Moyen-Age a lui aussi connu ses invasions,
entre le 9ème et 10ème siècles, menées par les Vikings sur les régions côtières des mers d'Europe du Nord et de l'Ouest, les Sarrasins sur les côtes méditerranéennes, et les Hongrois ("Magyars") depuis l'Est du continent européen. Le dénominateur commun de ces raids est le pillage : éviter le conflit, mais amasser un butin. Pour ce faire, une tactique innovante est développée, caractérisée par la rapidité et l'effet de surprise. A l'inverse des armées plutôt lentes de l'époque, ces pilleurs utilisent un outil militaire mobile : drakkar pour les Vikings, cavalerie pour les Hongrois, alors que les Sarrasins excellent aussi bien en mer Méditerranée sur leurs bateaux qu'à terre sur leurs chevaux. Ainsi, pendant toute la décennie 880, des Vikings pillent le Nord de la France, les Flandres, la Rhénanie et remontent la Seine en 885, jusqu'à Paris qu'ils assiègent. L'Empire carolingien, que Charlemagne avait fondé en l'an 800, finit par s'écrouler à l'image de l'Empire Romain d'Occident quatre siècles avant lui. Mêmes causes, mêmes effets ?


Après son effondrement, on assiste à une atomisation du pouvoir, au chaos et à l'anarchie, à des rivalités et guerres privées, et, par conséquent, au repli défensif offert par l'abri protecteur que procure le château : c'est l'avènement du chevalier et de la féodalité. Celle-ci se caractérise donc par le morcellement de l'autorité, des terres et du droit de propriété, à l'instabilité politique et territoriale, et aussi par l'insécurité : les invasions extérieures déjà mentionnées, la multiplicité des conflits locaux menés par une noblesse querelleuse, la précarité économique (rendement agricole aléatoire dune saison à l'autre), et son corollaire, l'insécurité alimentaire (famines).

D'autres événements marquants jalonnent le Moyen-Age. Les huit croisades, qui s'échelonnent de 1096 à 1270, permettent l'établissement des Etats latins d'Orient qui assurent une occupation chrétienne en Terre sainte de 1098 à 1291. Il est important de relever que ces anciens événements font toujours écho aujourd'hui : après chaque attentat terroriste commis en Europe par l'Etat islamique, ses communiqués emploient volontairement une terminologie issue de ce lointain passé. Par exemple, suite aux attentats de Bruxelles de mars 2016, leur revendication indique : "une cellule des soldats du Califat s'est élancée en direction de la Belgique croisée. (...) La crainte et l'effroi (ont été jetés) dans le cœur des croisés, en plein dans leur terre (...), des soldats du Califat (...) se sont élancés (...) pour tuer un grand nombre de croisés. (...) Nous promettons aux Etats croisés (...) des jours bien sombres."

La guerre de Cent ans (1337-1453) mérite aussi d'être relevée. Ce conflit franco-anglais ne touche pas tout le royaume français mais là où il a lieu, il apporte la désolation et la mort, en raison de l'existence de bandes armées que de longues trêves laissent sans solde. En l'absence d'intendance et d'une source régulière de revenus, elles se paient en mettant à sac les régions où elles stationnent, pillent et rançonnent les pays qu'elles parcourent, même ceux du souverain qui les emploie. Ces bandes sont constituées de mercenaires appelés "routiers" car appartenant à une route, c'est-à-dire à une troupe, nommées plus tard "Grandes Compagnies". Elles s'engagent dans des entreprises guerrières pour leur propre compte, à la recherche d'un employeur et d'action, de profit et de butin. Lors des trêves, leurs troupes ne se dissolvent pas et se retrouvent oisives et sans revenu. Il est fréquent que des villages entiers soient livrés aux flammes, après avoir été pillés, les hommes tués, les femmes violées. Les campagnes subissent ainsi de véritables razzias, qui font perdre aux paysans leurs récoltes et leur bétail. Jusqu'en 1370, les grandes compagnies sont itinérantes, mais ensuite elles s'installent dans des places fortes les deux décennies suivantes, ce qui leur permet d'avoir une emprise sur les régions alentours. Par conséquent, certains territoires échappent au contrôle du seigneur qui en avait la propriété. Cette tendance s'inverse 20 ans plus tard, lorsqu' entre 1387 et 1393, les routiers évacuent progressivement ces places fortes, première étape de la dissolution des Grandes Compagnies face à la montée de la puissance du pouvoir royal.

La disparition progressive des Grandes Compagnies en France ne met évidemment pas fin au recours de mercenaires dans les conflits suivants. Pendant les guerres d'Italie (1494-1559), y compris lors de la fameuse bataille de Marignan (1515), les belligérants ont recours aux services payants de soldats suisses, réputés depuis leurs victoires de Grandson (mars 1476) et Morat (juin 1476) contre le Duc de Bourgogne.

Pendant la guerre de Trente Ans (1618 à 1648), le recours aux mercenaires est également la règle et non l'exception. Leur solde n’est cependant pas versée régulièrement par les Etats qui les emploient. Ainsi les soldats, mal payés, payés avec retard ou pas payés du tout, sont amenés à se rémunérer eux-mêmes en vivant sur le pays. Parmi les nombreux belligérants ayant pris part à ce conflit, aucun acteur n'est en mesure de s'imposer rapidement et de façon décisive par rapport aux autres. L'objectif devient alors l'épuisement économique des régions traversées et le pillage de territoires, dans un but d'enrichissement. Les populations civiles deviennent les victimes principales de cette stratégie de prédation. La guerre devenant rentable, de véritables entrepreneurs militaires mènent les opérations en se faisant financer par de riches négociants actifs dans le commerce mondial. Les généraux, sous contrat avec un souverain, sous-traitent avec des fournisseurs privés, spécialisés dans le recrutement de grandes armées et qui entretiennent des compagnies de mercenaires rapidement disponibles et avides de pillage. Ainsi, quand une armée occupe une région, les villages sont contraints de payer un tribut, sinon les maisons sont brûlées et leurs habitants exécutés. Lorsqu'un secteur est épuisé économiquement, les troupes se déplacent. Au fil du temps, les armées ne font campagne plus que pour s'accaparer des revenus et des vivres, et cette recherche permanente d'argent et de nourritures devient une fin en soi. Les destructions causées par la circulation incessante de troupes armées en campagne ou en débandade sont considérables, parfois inouïes. Les exactions sont nombreuses : tortures, massacres en masse d’innocents, viols, assassinats. La mort de millions de personnes, suite aux combats, aux razzias, aux épidémies apportées par les armées, à la famine, vide de grandes étendues d'Europe centrale de leurs populations et pèse lourdement sur l'économie des Etats dévastés. Certaines régions sortent de cet interminable conflit ruinées et dépeuplées pour de longues années, par suite de la mort ou de la fuite des habitants vers des contrées moins exposées. L'Allemagne, traversée en tous sens par des armées venues de toutes parts, a particulièrement souffert. Les traités de paix sont signés dans un pays en ruine et qui mettra des dizaines d'années à se relever. Les belligérants prennent conscience des désavantages de l'emploi de mercenaires. L'Europe amorce alors l'introduction du service militaire obligatoire : les effectifs augmentent, particulièrement en France. Ainsi, la fin de la guerre de Trente Ans voit l'avènement de l'Etat-nation moderne doté de troupes permanentes de conscrits.

Pendant les 3 siècles suivants (1648-1945), les conflits sont donc essentiellement des affrontements mettant aux prises des Etats et leurs armées nationales, les plus notables pendant cette période étant les guerres de la révolution française et napoléoniennes, ainsi que les première et deuxième guerres mondiales. Durant cette période, l'Etat-nation a donc le monopole de mener la guerre, dans le cadre de conflits inter-étatiques.

Avec la décolonisation et les guerres d'indépendance (par exemple, Indochine puis Vietnam), la multiplicité des attentats terroristes et des conflits asymétriques (intifadas palestiniennes, insurrections contre l'occupation occidentale en Irak et en Afghanistan, etc.), les affrontements entre Etats sont devenus l'exception. Il apparaît cependant rapidement que les armées nationales ne sont pas adaptées à ces combats menés sous forme de guérillas par des acteurs non étatiques. Chaque défaite de ses forces régulières affaiblit l'Etat et illustre son incapacité à assurer la sécurité. Les liens ethniques, religieux, communautaires, familiaux remplacent alors les allégeances politiques. Les affrontements intra-étatiques entre troupes irrégulières se substituent aux guerres inter-étatiques entre armées nationales.

Alors, nouveau modèle ? Ou retour en arrière, au temps où les chevaliers ne prêtaient pas serment à un Etat inexistant mais à un seigneur, dans un engagement d'homme à homme ? Où ils se battaient pour une cause, la protection de la veuve et de l'orphelin dans l'idéal chevaleresque, sinon pour lutter contre l'infidèle en partant en croisade, au pire pour un butin en s'engageant comme routier dans une Grande Compagnie ? La chevalerie a été l'organisation militaire dominante pendant de nombreux siècles, et les mercenaires pillant en bandes n'en étaient que l'obscur avatar. Aujourd'hui, de nouvelles bandes armées concurrencent ou combattent l'Etat-nation en déclin : membres de gangs ou de mafias, trafiquants ou terroristes. Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes, puisque pour financer des attentats, les trafics, le racket ou le pillage constituent leurs sources de financement.

Le retour au premier plan d'armées privées non étatiques n'est toutefois pas le seul parallèle pertinent que l'on peut établir entre le Moyen Age et aujourd'hui. Nous ne reviendrons pas sur la terminologie médiévale utilisée dans les revendications des attentats commis par l'Etat islamique, par contre les phénomènes migratoires méritent qu'on s'y attarde.

Rappelons que les invasions, notamment germaniques, ont été un des facteurs prépondérant dans l'effondrement de l'Empire Romain d'Occident, avec pour conséquence une chute vertigineuse du niveau de vie pour les populations contemporaines à ces événements. Quatre siècles plus tard, les raids vikings, sarrasins, hongrois contribuent à l'effondrement de l'empire carolingien, créant anarchie, chaos et conflits locaux. Aujourd'hui, les migrations incontrôlées vers l'Europe de l'Ouest, causées par la pauvreté en Afrique et les conflits au Proche-Orient posent une multitude de craintes et de questions : sur les possibilités d'intégration ou les risques de communautarisme, sur l'identité et les appels à un retour des frontières, sur la hausse du sentiment d'insécurité, sur la différenciation entre immigrant économique et requérant d'asile (c'est-à-dire, réfugié menacé ou persécuté dans son Etat d’origine)(
https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/asyl/asyl/asylrecht.html). Les empires romain et carolingien n'y ont pas survécu, alors on peut s'interroger sur l'avenir de la fragile construction européenne, toujours plus remise en question par les peuples qui la composent.


Fred Deion

samedi 20 mai 2017

Tempête sur la Maison Blanche, Trump quitte le navire qui prend l'eau

Je n'ai pas pour habitude de relayer les dépêches de l'AFP, mais celle de ce matin tombée à 7h58 est incontournable. Elle décrit une Maison Blanche en pleine tempête, alors que son locataire le président-capitaine Trump quitte provisoirement son navire qui prend l'eau, pour sa première tournée présidentielle à l'étranger.

Voyez plutôt :

"Fin janvier, des jeunes recrues entraient à la Maison Blanche pleines d'enthousiasme et de fierté à l'idée de servir leur pays dans la nouvelle administration du président Donald Trump. Quatre mois plus tard, leur mission, censée être une expérience extraordinaire dont ils se vanteront un jour auprès de leurs petits-enfants, commence à ressembler davantage à un énorme boulet qu'ils traînent autour du cou.

En s'envolant vendredi pour son premier voyage à l'étranger, Donald Trump laisse derrière lui une Maison Blanche assiégée et des jeunes conseillers de plus en plus démoralisés. Mercredi soir, la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur les liens entre le cercle rapproché de Donald Trump et la Russie est tombée comme un coup de tonnerre. Sur une télévision accrochée au mur, les commentateurs des chaînes d'information lâchaient les mots de "collusion", "grand jury", "destitution", encaissés comme des coups de poing par des assistants du président muets et stupéfaits. Les employés du service de communication allaient et venaient de leurs bureaux en salles de réunion pour tenter de trouver une façon positive de présenter cette nomination qui pourrait bien rester comme une tache indélébile sur la présidence de Donald Trump.

Pendant des mois, ces employés de l'administration Trump ont vécu l'épuisement, les déchirements, les coups bas et l'atmosphère de crise perpétuelle de la Maison Blanche. Ce dernier développement - point d'orgue d'une semaine de tumultes d'une intensité que la Maison Blanche a rarement connu - s'est joué sous les regards du monde entier.

Les talents de meneur d'hommes de Donald Trump, vantés par certains, ne se sont pas exprimés à la Maison Blanche, où les coups en douce et les rumeurs quotidiennes de limogeage sont devenus la norme. En privé, les employés se plaignent de l'incompétence de l'administration et du sous-effectif. Les conseillers les plus juniors se demandent souvent s'ils vont pouvoir retourner à leur travail le lendemain, parfois avec le désir inavouable d'être enfin délivrés. D'autres disent qu'ils cherchent une porte de sortie ou qu'ils songent à prendre un avocat. Les républicains qui se sont vus demander s'ils étaient intéressés par un poste à la présidence se tiennent prudemment à distance.

Pour le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, ce désastre vire à l'humiliation publique. Tourné en ridicule par les humoristes, moqué par les correspondants de la Maison Blanche et presque rituellement contredit par le président, Sean Spicer a également dû supporter d'entendre ses collègues dire aux journalistes qu'il sera bientôt limogé.

Pour ceux de l'équipe Trump qui restent à Washington, la semaine prochaine offrira peut-être un répit."

On leur souhaite :-)

Fred Deion

samedi 13 mai 2017

Suisse vs UE : après le Brexit, le Suissexit ?

(article également publié sur le site http://lesakerfrancophone.fr/suisse-versus-union-europeenne-apres-le-brexit-le-suissexit et repris par http://free.niooz.fr/suisse-versus-union-europeenne-apres-le-brexit-le-suissexit-19290960.shtml, https://planetes360.fr/suisse-versus-union-europeenne-apres-brexit-suissexit/, http://lesobservateurs.ch/2017/06/15/suisse-versus-union-europeenne-apres-le-brexit-le-suissexit/, http://mailchi.mp/5fc5f2c7f2d6/communicationudc-gech?e=7bb0bb7594


Il peut paraître curieux de parler de Suissexit alors que la Confédération Helvétique ne fait pas partie de l'Union Européenne (UE). Bien que non-membre, la Suisse est cependant signataire des conventions de Schengen (suppression des contrôles aux frontières, mise en commun des politiques de visas et d'immigration) et de Dublin (droit d'asile européen). Elle a également conclu des accords bilatéraux avec Bruxelles, une première fois entre 1999 et 2002 (agriculture, libre circulation des personnes, marchés publics, obstacles au commerce, recherche, transport), et une deuxième fois entre 2002 et 2008 (environnement, fiscalité de l'épargne, lutte contre la fraude et la contrebande, produits agricoles transformés, pensions et retraites, éducation, statistiques, et coopération en matière de justice, sécurité, asile et migration, avec justement la signature des conventions de Schengen et de Dublin).

Dès l'entrée en vigueur de l'accord sur la libre circulation des personnes, l'immigration en provenance de l'UE augmente, en passant dans un premier temps à 50'000 habitants supplémentaires par an jusqu'en 2006, puis à 80'000 habitants supplémentaires par an dès 2007. Face à cet afflux, le parti UDC (Union démocratique du centre) lance une initiative populaire "contre l'immigration de masse" acceptée en votation le 9 février 2014 par 50,3% des voix.

Ce résultat modifie la Constitution fédérale avec les ajouts suivants :
"La Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers.
Le nombre des autorisations délivrées pour le séjour des étrangers en Suisse est limité par des plafonds et des contingents annuels (...)
Les plafonds et les contingents annuels pour les étrangers exerçant une activité lucrative doivent être fixés en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect du principe de la préférence nationale (...)
La loi règle les modalités."

Pour préserver les bilatérales, le parlement vote cependant une loi d'application light le 16 décembre 2016 :
"Le Conseil fédéral arrête des mesures visant à épuiser le potentiel qu’offre la main d’oeuvre en Suisse. (...)
Lorsque certains groupes de profession, domaines d’activités ou régions économiques enregistrent un taux de chômage supérieur à la moyenne, il y a lieu de prendre des mesures limitées dans le temps visant à favoriser les personnes enregistrées auprès du service public de l’emploi en tant que demandeurs d’emploi. (...)
 Les postes vacants dans des groupes de profession, domaines d’activités ou régions économiques qui enregistrent un taux de chômage supérieur à la moyenne doivent être communiqués par les employeurs au service public de l’emploi"
Dans cette loi d'application light, il n'y a ni plafonds, ni contingents, ni principe de préférence nationale. L'UDC crie donc à la trahison, la volonté populaire étant bafouée, et la nouvelle disposition constitutionnelle n'étant pas mis en oeuvre.

La riposte ne se fait pas attendre : dès début 2017, un groupe de travail réunissant des membres de l'UDC et de l'ASIN (Association pour une Suisse indépendante et neutre) développent trois variantes en vue de lancer une nouvelle initiative populaire pour la restriction de la libre circulation. Le 4 mai 2017, l'UDC et l'ASIN rendent public ces trois variantes, qui sont examinées lors de l'assemblée générale de l'ASIN du 6 mai. Les voici :
  1.  résiliation de l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'UE
  2. interdiction du principe de la libre circulation des personnes, et résiliation de l'accord y relatif
  3. interdiction du principe de la libre circulation des personnes, interdiction qui est prioritaire par rapport aux traités internationaux
Ces variantes seront examinées lors de l'assemblée des délégués de l'UDC le 24 juin, avec pour objectif de lancer une initiative populaire d'ici la fin de l'année. Cette initiative sera la première étape du Suissexit, car si elle est acceptée en votation populaire, l'UE risque bien de considérer qu'avec la résiliation d'un accord (libre circulation des personnes), c'est en fait tous les autres accords bilatéraux qui deviennent caducs (principe de la «clause guillotine»).

L'UDC va également déposer une deuxième initiative populaire, dite pour l'autodétermination ("le droit suisse au lieu de juges étrangers"). Elle vise à préserver notre liberté et notre indépendance de l'ingérence du droit étranger, en particulier européen, via sa reprise en raison d'accords internationaux (bilatérales, Schengen, Dublin, etc.). Si cette deuxième initiative est acceptée en votation populaire, ce sera la deuxième étape du Suissexit.

Une troisième votation est également à prévoir. En effet, l'Union européenne a adopté récemment une directive restreignant l'achat et la détention légale d'armes dans l'espace Schengen. La loi suisse sur les armes devrait donc être modifiée, la Suisse ayant signé la convention de Schengen et étant membre de cet espace depuis 2008 (au sujet de la pression mise par la Commission européenne dans le processus ayant conduit à l'adoption de cette directive : http://actufreddeion.blogspot.ch/2017/02/interview-de-la-deputee-europeenne-dita.html)

Cependant, cette nouvelle directive va à l'encontre aussi bien du service militaire obligatoire en vigueur dans l'armée suisse de milice (les soldats devant garder leur fusil d'assaut à leur domicile, entre deux cours de répétition), que de la tradition très populaire du tir sportif (la Fédération suisse de tir est la troisième plus grande association sportive avec 175'000 membres), sans parler de toutes les personnes résidant en Suisse qui s'adonnent au tir sans être affilié à un club (pour en savoir plus sur ce que prévoit cette nouvelle directive : http://actufreddeion.blogspot.ch/2016/12/nouvelle-directive-europeenne-sur-les.html)

Enfin et surtout, cette directive européenne criminalise les tireurs, chasseurs, collectionneurs et détenteurs d'armes, sans contribuer en quoique ce soit à la lutte contre les terroristes, qui utilisent soit des véhicules béliers (Nice, Berlin, Londres, Stockholm), des armes blanches (Magnanville, Wurtzbourg, St-Etienne-du-Rouvray) ou des armes achetées illégalement sur le marché noir, et pas légalement chez un armurier (attentats de Paris). Le seul effet de cette directive est donc de stigmatiser les détenteurs d'armes, de soupçonner toute la population, et de grossir les rangs des adversaires de l'Union européenne : mouvements qui s'opposent à cet "EU Gun ban" dans toute l'Europe, #iamthegunlobby, http://firearms-united.com/fr/. Ils s'ajoutent aux anti-Européens de tous bords, et aux partis politiques dits "populistes" qui font de la résistance à Bruxelles leur cheval de bataille prioritaire.

Bien que le parlement suisse n'ait pas encore adapté la loi suisse sur les armes à cette nouvelle directive européenne, la résistance s'organise déjà :
  • pétition en ligne, avec déjà près de 10'000 signatures : https://www.finger-weg-vom-schweizer-waffenrecht.ch/2017/04/offener-brief-an-den-bundesrat-nationalrat-staenderat/ 
  •  ProTell, association pour un droit libéral sur les armes et contre toutes restrictions de la possession d'armes par les citoyennes et citoyens responsables, a convoqué une assemblée générale extraordinaire le 17 juin. Le but ? Se mettre en ordre de bataille, en élisant un nouveau comité propre à défendre les droits et les libertés des tireurs.
  •  L'UDC (90'000 membres) a déjà annoncé qu'elle lancerait un référendum contre une nouvelle loi suisse sur les armes, si celle-ci reprenait les restrictions imposées par la nouvelle directive européenne (ce qui amènerait une votation populaire)
A l'occasion de ce référendum, si la population suisse rejette cette modification législative, et bien ce serait la troisième étape du Suissexit, la sortie de la Suisse de l'espace Schengen.

Fred Deion