lundi 31 décembre 2018

Coup de gueule numéro 4 : lorsque des décisions ne sont pas prises

La démocratie est considérée comme le système politique le plus juste et le plus équitable (one man, one vote). Toutefois, elle donne parfois lieu a des débats curieux (la population suisse qui doit se prononcer sur le soutien à apporter aux détenteurs de vaches à corne) ou à des résultats inattendus (par exemple l'élection de Donald Trump).

Il arrive aussi parfois que des décisions ne soient pas prises. Ces dernières semaines en ont donné de très nombreux exemples, en voici trois :

1) Le 25 novembre, le peuple suisse s'est prononcé sur une initiative (dite de l'autodétermination) visant à garantir la démocratie directe suisse, via les votations populaires, afin qu'une décision prise par les citoyens ne soit pas invalidée par le droit international (sous réserve du respect des règles impératives et des droits de l'homme). L'initiative est rejetée, avec pour conséquence la primauté du droit international sur la Constitution et la souveraineté du peuple...

2) Le 11 décembre, le parlement suisse rejette une nouvelle loi sur le CO2, qui prévoyait initialement une modeste taxe sur les billets d'avion, une augmentation de l'essence de quelques centimes, entre autres. Comment va-t-on réussir à diminuer nos émissions de CO2 ? Pour le moment, nos représentants élus n'ont pas répondu à cette question...

3) La conférence sur le réchauffement climatique (COP24), qui s'est tenue en Pologne, s'est terminée le 15 décembre sans qu'aucune décision significative a été prise. Nos représentants (chefs de gouvernement, ministres, etc.) ont ergoté pendant 2 semaines à Katowice pour finalement ne pas décider grand-chose, et même refuser que soit mentionné dans le texte final toute référence à la sécurité alimentaire. Celle-ci ne sera en effet plus garantie avec une hausse de la température (canicule => sécheresse => baisse des rendements agricoles => risque de famines). Les générations présentes et futures apprécieront...


samedi 17 novembre 2018

Comment nous protéger des prochaines crises ?

La première quinzaine de novembre a été riche en conférences à Genève. Commençons par celle de Jacques Attali, venu présenter son dernier livre "Comment nous protéger des prochaines crises ?", qui a donné le titre à sa conférence et à cet article.

En introduction, il a rappelé que la situation en 1900 promettait un XXème siècle heureux et paisible. Puis se sont succédé la 1ère guerre mondiale (18 millions de morts), la grippe espagnole en 1918 (30 à 100 millions de morts) , en 1929 la crise financière, puis économique, suivie du protectionnisme, d'une montée des nationalismes qui ont débouché sur la 2ème guerre mondiale (entre 50 et 85 millions de morts).

Il semble y avoir des similitudes entre les espoirs du début des années 1900 et le passage à l'an 2000. Cet optimisme s'est depuis tempéré, voire refroidi. Notre siècle se déroulera-t-il de manière identique au précédent ? Nos crises d'aujourd'hui se différencient-elles des événements d'hier ? Quelles sont-elles ?

1) Probabilité d'une nouvelle crise financière, après celle de 2008 (subprimes) : aucune régulation sérieuse n'ayant été mise en place ces 10 dernières années, la spéculation flambe sans contrôle et le surendettement public et privé atteint des sommets. Il y a une crise financière environ tous les 10-12 ans, cela pourrait donc arriver prochainement.

2) A la suite de la prochaine crise financière, une crise économique pourrait lui emboîter le pas, d'autant plus facilement que le contexte de montée des protectionnismes s'y prête.

3) Crise idéologique : même si l'économie de marché est devenue globale, celle-ci n'a pas permis à la démocratie d'être adoptée partout dans le monde. Au contraire, la concentration des richesses et la hausse des inégalités provoque un rejet des élites.

4) La crise environnementale se couple d'un risque de pénuries des ressources (eau, etc.), alors que l'accord de Paris n'est pas appliqué par les pays signataires...

5) Crise migratoire qui ne va aller qu'en s'amplifiant : 250 millions de migrants vivent sur un autre continent aujourd'hui, ce chiffre pourrait passer à un milliard de personnes qui vont migrer ces prochaines décennies. Cette situation va évidemment renforcer un repli identitaire et un appel au retour des frontières.

6) Crise géopolitique : En contrepoids aux rivalités US-Chine pour le contrôle des richesses, des technologies, des entreprises, des talents, l'Europe est divisée. Ce qui m'amène à la conférence suivante, puisque celle de Jacques Attali portait bien mal son nom (il n'a pas indiqué comment se protéger de ces crises, peut-être dans l'espoir que les auditeurs achètent son livre, ce que je ne ferai pas).

La conférence suivante, donc, traitait des rivalités à l'oeuvre au sein de notre continent. L'Union Européenne sera-t-elle la nouvelle Union soviétique qui s'est effondrée il y a 30 ans ?

Voici les facteurs de division à l'oeuvre :

1) L'euro est devenu un facteur de désintégration, car les économies européennes sont trop dissemblables. La crise financière puis économique de 2008 a particulièrement frappé les pays les plus faibles de la zone euro. En Grèce, l'austérité a tout simplement détruit la classe moyenne. L'euro survivra-t-il à la prochaine crise financière ?

2) La crise migratoire n'est pas gérée, une frange de la population et certains gouvernements s'opposent à l'accueil de réfugiés, alors que la population de la jeune Afrique va doubler d'ici 2050. Comment cette explosion démographique se traduira-t-elle en terme de pression migratoire ? Multiculturalisme ou multiconflictualité ?

3) L'Union Européenne a perdu de sa légitimité pour certains, ses élites sont remises en question, son manque de gouvernance démocratique est dénoncé. En réponse, Bruxelles veut sanctionner les voix dissonantes de l'Europe de l'Est ou d'ailleurs (Italie) qui critiquent les décisions prises. La Grande-Bretagne sera-t-elle la seule à quitter le navire européen ?

4) L'Europe peine à répondre aux menaces de sanctions américaines qui s'appliquent même en dehors des USA (extra-territorialité). D'un autre côté, la Chine fait ses emplettes, investissant et rachetant des entreprises européennes, alors que le continent continue à se déindustrialiser. Ainsi, l'Union Européenne est de moins en moins productive et de plus en plus surendettée.

Et comment la Suisse doit-elle répondre à ce contexte géopolitique ?

Deux épisodes historiques peuvent donner une piste.

Le premier se situe à la fin de Moyen-Age avec les guerres de Bourgogne (1474-1477). Lors de celles-ci, La Confédération Helvétique défend avec succès son axe commercial est-ouest, et donc son économie, grâce à son outil militaire.

Le deuxième est celui de la 2ème guerre mondiale, où la Suisse défend ses deux axes commerciaux (nord-sud et est-ouest) ainsi que sa place financière, en étant à la fois partenaire économique du IIIème reich et en opposant une armée dissuasive, retranchée dans son réduit national.

Aujourd'hui, face à aux menaces d'aujourd'hui, la Suisse peut s'enorgueillir de toujours contrôler ses deux axes commerciaux, et d'avoir maintenu sa place financière malgré les récentes crises et la fin du secret bancaire. Mais qu'en est-il de son outil militaire ?...

mercredi 31 octobre 2018

Coup de gueule numéro 3 : génocide dans l'indifférence

Dans son dernier rapport, le Fonds mondial pour la nature (WWF) nous dit que sous la pression de l'homme, la planète a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60% depuis 1970.

Causes : surpêche et braconnage, pollutions, sécheresse et épuisement des sols, destruction de l'habitat naturel (notamment déforestation au profit de l'agriculture intensive, de l'extraction minière, de l'urbanisation).

Ce génocide sur les espèces se déroule à peu près dans l'indifférence. Logique, ce n'est jamais l'auteur d'un génocide qui le dénonce. D'autant moins que son auteur en est aussi le bénéficiaire. Ainsi, l'homme pille toutes les ressources disponibles, consomme, gaspille, rejette des déchets sans aucune considération pour l'environnement, détruit les biotopes pour son seul bénéfice (ses infrastructures de transport, son habitat, etc.), sans tenir compte des services rendus par la nature : pollinisation, fourniture de ressources essentielles à la survie de l'homme, comme les sols et l'eau.

Et c'est là que la situation serait ironique si elle n'était pas tragique : en puisant sans fin dans la nature, comme si ses ressources étaient illimitées, l'homme est arrivé au point où son comportement avide et prédateur le met lui-même en danger. Il y a plus de déchets que de poissons dans les océans (dont une partie ingérée par ceux-ci, puis par l'homme via sa propre consommation de produits de la mer). L'homme souffre de sa propre pollution (par exemple, dans le cas de la pollution atmosphérique, via des maladies pulmonaires). De toutes les ressources, l'eau est la plus exemplaire, car absolument vitale : un homme meurt après 3 jours sans s'hydrater. Il y a déjà des pénuries d'eau dans la ville sud-africaine du Cap. D'autres zones très peuplées sont menacées de stress hydrique ces prochaines années : Californie, Inde, Egypte, etc.

De criminel, le comportement égoïste de l'homme devient donc auto-destructeur. Il sera bien difficile d'expliquer aux plus jeunes pourquoi notre génération n'a pas eu la volonté de changer de trajectoire pour éviter ce suicide collectif programmé.

mercredi 12 septembre 2018

Coup de gueule numéro 2 : de l'inconscience écologique à la dictature verte

Après un été caniculaire, la démission de Nicolas Hulot, et de plus en plus de personnes (scientifiques, experts, etc.) qui tirent la sonnette d'alarme climatique, ce mois de septembre est médiatiquement "chaud" sur le front de l'environnement. D'où ce coup de gueule, car au fond, rien ne change : business as usual.

Les gens se donnent bonne conscience en recyclant leurs déchets (tri sélectif) : c'est mieux que rien, mais notoirement insuffisant et plus du tout à la hauteur des enjeux. Pour preuve :

J'avais vu un documentaire sur un Scandinave (il n'y a qu'eux pour se lancer dans des projets pareils) qui a essayé pendant un an d'avoir, pour lui et sa petite famille, 0 émission de carbone. En gros et en résumé, cela donnait à peu près cela :

  • évacuation de tous les objets en plastique de son domicile (remplacés par exemple par des jouets en bois pour ses deux enfants)
  • voiture remplacée par des trajets à pied, en vélo ou en transports publics (pour les plus longs)
  • achats en vrac et non emballés dans les magasins
  • vacances d'été en Italie, en voyageant en train
  • etc.
Il a tenu le compte tout au long de l'année, des économies d'émissions carbone ainsi réalisées. Ce qui a vraiment fait la différence ? Le voyage en Italie en train plutôt qu'en avion.

Ceci est corroboré par l'extrait suivant que j'avais lu il y a quelques années, et que je cite car cette petite comparaison est toujours d'actualité : "Marius roule tous les jours une heure dans sa voiture toute pourrie au pot catalytique mal réglé. Il va au fast-food une fois par jour, mange de la viande à tous les repas, il fume, ne trie pas ses ordures, n'a plus que 2 points sur son permis de conduire, part en vacances en août sur la côte, et passe 10 heures dans les bouchons à l'aller comme au retour. (...) Mélanie, elle, mange bio et de saison, fait gaffe à sa consommation d'eau, recycle l'aluminium, le papier et le verre. En centre-ville, elle circule à pied ou à vélo et ne prend l'avion que deux fois par an, pour aller en week-end à Marrakech ou à Ibiza, et une fois pour ses vacances d'hiver en Thaïlande. Elle vote écolo bien qu'elle sache qu'elle n'est qu'un petit maillon dans l'écosystème. Elle sait que ce tout petit geste est important dans la lutte permanente pour un monde meilleur. Elle n'hésite pas à moraliser ceux qui ne le font pas, notamment son collègue Marius, qu'elle soupçonne même de ne pas voter comme il faut. Des deux, c'est de loin Mélanie qui a l'empreinte carbone la plus élevée" (in "Survivre à l'effondrement économique" de P. San Giorgio)

Et moi, allez-vous me dire ? Qui suis-je pour donner des leçons ? Mon profil est à peu près celui de Mélanie, l'avion en moins. Lorsque j'avais assisté à une présentation de l'association i-boycott devant un public d'une vingtaine de personnes (toutes concernées par l'environnement), j'avais sidéré l'assistance en déclarant ne plus prendre l'avion depuis quelques années, au point de passer pour un extra-terrestre (sans vaisseau spatial). D'où mon constat : même parmi des personnes qui se disent écologistes, il y a du bla-bla mais peu de changements de ses propres habitudes.

Comment peut-on alors espérer modifier cette trajectoire qui nous mène droit dans le mur ? Car ce n'est pas d'espoir dont nous avons besoin, mais d'actions concrètes, comme par exemples :
  • faire moins d'enfants : la courbe démographique doit s'inverser, la population humaine doit diminuer, même s'il faut passer par une étape de vieillissement de la population. Cela permettra à terme de diminuer la pression sur les ressources (eau, énergie, etc.)
  • privilégier les moyens de transports moins/peu/pas polluants (ce qui implique donc de moins prendre l'avion)
  • manger moins de viande
  • moins consommer (moins de gaspillage, plus de sobriété). Etre plutôt qu'avoir.
  • etc.
Vous allez me reprendre, ce ne sont pas les individus qui polluent le plus (par le tourisme, leurs déplacements, leurs achats, etc.). Ce sont les entreprises, notamment les multinationales, qui sont les premiers coupables : c'est vrai. Mais par vos choix de consommateurs, vous avez vous aussi une petite influence : https://www.i-boycott.org

Comme je soupçonne que nous ne passerons pas des intentions aux actes (ou pas assez, ou trop tard), à un moment l'humanité arrivera à un point de rupture, avec deux scenarii à envisager :
  1. Prises de mesures imposées par les Etats (taxation des vols, voire interdiction des voyages de loisirs, retour de la politique de l'enfant unique, etc.). C'est le scénario où on passe en mode autoritaire, qu'on peut appeler "dictature verte".
  2. Manque d'eau, sécheresses amenant insécurité alimentaire, famines entraînant maladies, etc. C'est le scénario où on passe en mode survie dans un environnement dégradé.
En résumé : 
  1. Ni le individus, ni les entreprises ne risquent de modifier suffisamment leurs habitudes, ou alors trop peu et trop tard.
  2. Idem pour les Etats : en raison de motifs électoralistes, les mesures nécessaires, même prises de façon autoritaire, seront insuffisantes et là aussi trop tardives.
  3. Reste le scénario du pire, dans lequel il faudra se débrouiller et faire avec une nature altérée. Certaines régions deviendront peut-être inhabitables, entraînant des migrations supplémentaires (réfugiés climatiques). Seule bonne nouvelle pour ceux qui passeront ce cap : une diminution de la population mondiale diminuera la pression sur les ressources.

vendredi 31 août 2018

Coup de gueule numéro 1 : la déshumanisation du monde du travail

Dans un précédent article, je pointais (entre autres) les méfaits de la robotisation et de la révolution numérique, puisqu'ils causent destruction ou précarisation des emplois.

Et quid des chanceux qui se sont maintenus à leur poste ? Leur traitement est l'objet de ce coup de gueule.

Depuis une dizaine d'années (une des nombreuses conséquences de la crise de 2008), le monde du travail s'est considérablement durci. Pour maintenir leurs marges, les entreprises ont diminué leurs effectifs, "flexibilisé" ou "précarisé" le statut de leurs collaborateurs (selon le point de vue d'où l'on se place), réduit salaires et avantages sociaux (avènement des working poors).

Pour les employés qui restent, la vocation rêvée peut devenir un enfer quotidien : surcharge permanente, stress, mise sous pression et mobbing, burn-out... ou quand le travail devient souffrance. Cette détresse se voit dans plusieurs indicateurs (pour autant que l'on veuille bien y prêter attention, plutôt que de tourner la tête pour regarder ailleurs) : absentéisme, turn-over ou taux de survie en entreprise, nombre de cas juridiques : toutes ces statistiques sont à la hausse, sans pour autant interpeller les conseils d'administration, qui préfèrent sans doute voir la productivité, le bénéfice ou le chiffre d'affaires augmenter.

Dans cette nouvelle jungle du travail, l'employé peine à se protéger des ces pratiques scandaleuses (et illégales) : crainte de représailles en cas de dénonciation auprès du médiateur interne (s'il y en a un), de l'inspection du travail, de son assurance protection juridique ou des médias (la posture du lanceur d'alerte reste délicate). Beaucoup choisissent alors une forme ou l'autre de résistance passive : cynisme en hausse, loyauté en baisse, prises d'initiatives limitées, passivité et service minimum (voire syndrome du passager clandestin).

Survient donc un revers de la médaille pour l'employeur : baisse de la satisfaction du personnel, de sa motivation, de sa performance. La diminution des effectifs précitée devient alors contre-productive : in fine, les résultats financiers sont moins bons que ce qu'ils pourraient être avec des collaborateurs motivés et performants.

Les employés, eux, préfèrent opter pour un modèle de relations plus harmonieuses, plutôt que basé sur la compétition. Ils se désengagent donc de la sphère professionnelle devenue toxique pour se fixer de nouveaux buts, se ressourcer ailleurs et réinvestir leurs loisirs (work-life balance).

Malgré les déclarations d'intentions (plaquettes de présentation, chartes, philosophie d'entreprises), il y a un écart toujours plus grand entre le discours des employeurs et le monde du travail qui semble devenir fou. Jusqu'à quand cela peut-il durer ? Tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin elle se casse...

dimanche 22 juillet 2018

pronostic d'un non-connaisseur sur l'appel d'offre des prochains avions de combat

Le gouvernement suisse vient de lancer l'appel d'offre pour acheter un nouvel avion de combat, en remplacement de sa flotte de F-5 et F/A-18 Hornet (https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/fr/home.detail.nsb.html/71511.html).

5 modèles seront en compétition : l'Airbus Eurofighter, le Dassault Rafale, le Saab Gripen E, le Boeing F/A-18 Super Hornet et le Lockheed-Martin F-35A.

D'ici deux ans, la population suisse sera amenée à se prononcer par référendum sur le crédit d'achat (mais pas sur le modèle d'avion qui sera choisi ultérieurement). Montant de la facture soumise au vote : 8 milliards de francs, qui incluront aussi un nouveau système sol-air.


En bon citoyen, je m'informe et j'ai voulu savoir ce que valaient ces joujoux quelque peu coûteux, même si la votation n'est pas pour demain (d'ici 2020).


N'ayant pas de compétences aéronautiques particulières, j'ai pris quelques heures pour me renseigner. Facile, il y a de nombreux sites et blogs spécialisés sur le sujet. En voici un petit résumé, sous forme de classement :


5) Le F-35A réussit le tour de force d'être à la fois le plus coûteux des 5 avions considérés, et le moins performant de tous. Nombreux problèmes de conception, dépassements pharaoniques du budget : son rapport qualité/prix est catastrophique. L'ingénieur aéronautique Pierre Sprey (concepteur du F-16 et du A-10), a affublé le F-35 du surnom de "dinde", ce qui veut tout dire sur les capacités de vol de l'avion.


4) Le Saab Gripen E n'avait pas brillé lors de son évaluation effectuée par l'armée suisse entre 2008 et 2011 et son achat a logiquement été rejeté en votation populaire en 2014. Il n'y a aucune raison que son évaluation soit meilleure 6 ans plus tard.


3) L'Airbus Eurofighter a connu des surcoûts et retards, en raison de son développement par 4 pays (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne), fournissant chacun des pièces et multipliant ainsi les chaînes d'assemblage. L'idée d'un programme européen paraissait bonne aux pays concernés, mais dans ce cas là, le rapport qualité-prix est lui aussi défavorable.

Les deux finalistes semblent donc être tout désignés, le Dassault Rafale et le Boeing F/A-18 Super Hornet. A moins qu'un invité-surprise de dernière minute vienne jouer les troubles-fêtes ?

En effet, Lockheed-Martin (également constructeur du F-35 précité) a remis au goût du jour son mythique F-16. Cette nouvelle version, le F-16 Viper Block70/72, semble avoir un bon rapport qualité-prix. Le gouvernement slovaque vient d'ailleurs d'en commander 
(http://psk.blog.24heures.ch/archive/2018/07/11/la-slovaquie-opte-pour-le-f-16-viper-865968.htmlPourquoi la Suisse ne le teste pas ? Mystère. J'ai posé la question à Kaj-Gunnar Sievert, Responsable communication d'Armasuisse en charge de ce dossier, mais pas de réponse à ce jour.

Une autre question légitime que l'on peut se poser, au-delà du choix de l'appareil, c'est bien sûr de savoir si la Suisse a besoin de renouveler sa flotte d'avions de combat, ou alors de renoncer à avoir une force aérienne. Bonne question, mais difficile réponse.

Ces 70 dernières années, les conflits ont plutôt été asymétriques, opposant un acteur étatique et un acteur non étatique : 

  • guerres d'indépendance qui opposaient des guérillas locales aux puissances coloniales (Indochine/Vietnam, Afrique, etc.)
  • guerres civiles (ex-Yougoslavie, Syrie, Ukraine, etc.)
  • conflits de basse intensité
  • djihadisme, narco-guérillas et mafias, cyber-terrorisme, etc.

La force aérienne n'est pas forcément l'échelon d'intervention le mieux adapté dans le cadre de ces conflits asymétriques, qui sont plutôt low tech / low cost. D'un autre côté, comment prédire ce que nous réserve ce XXIème siècle, dont les 18 premières années ont été des plus chahutées, des attentats du 11 septembre 2001 à tous les autres qui ont suivi, à la crise financière de 2007-2009 dont les conséquences ne sont pas terminées (endettement, taux zéro, etc.), aux conflits du Proche et Moyen-Orient (Libye, Syrie, Irak, Yémen, Afghanistan, etc.) ? Si on ne peut pas prédire l'inconnu des prochaines décennies, peut-être vaut-il alors mieux s'en prémunir de la manière la plus large possible.

samedi 30 juin 2018

Les suédois : prévoyants ou paranos ?

Il y a environ un mois, le gouvernement suédois a distribué à toute sa population une petite brochure intitulée en anglais "if crisis or war comes" (éditée à presque 5 millions d'exemplaires en 13 langues).
Dans les médias internationaux, les commentaires des journalistes (et des lecteurs) allaient de la pondération (les suédois sont des gens sages et prévoyants), en passant par le moquerie, jusqu'au diagnostic médical (les suédois sont fous et paranos).

Comme d'habitude, les gens qui commentent se renseignent rarement alors j'ai décidé de lire cette brochure (https://www.msb.se/en/Tools/News/The-brochure-If-Crisis-or-War-Comes-is-available-to-download/)

Que peut-on y apprendre ?

Dans un premier temps, le gouvernement expose quelques risques (inondations, pénuries, coupures de courant) et leurs conséquences : plus de chauffage, ruptures d'approvisionnement (eau, aliments, essence, cash, médicaments et soin, réseaux téléphonique et internet, etc.).

S'en suivent quelques conseils évidents si on suit cette logique précitée : il est recommandé à chaque citoyen d'avoir un petit stock d'eau, de nourriture et les moyens de se tenir au chaud sans chauffage (couvertures), de s'éclairer et de s'informer sans électricité (bougies, lampes et radio à piles), et avoir un peu de cash et les médicaments usuels ou nécessaires (traitement en cours) à portée de main. A noter que la brochure contient à ce propos quelques suggestions et check lists.

La brochure met ensuite en garde contre les fausses informations, la propagande, les attaques terroristes, les cyber-attaques, les sabotages d'infrastructures, etc. et informe des moyens existants au service de la population (sécurité militaire et civile, système d'alerte, abris, etc.).

En bref, que du bon sens, rien qui ne justifie à mon sens ni les moqueries, ni les invectives.

vendredi 11 mai 2018

Convergence d'événements menant à l'isolationnisme US : Opportunité ou soumission pour l'Europe ?

Le but de ce blog n'est pas de relayer des pseudo-scoops ou autres nouvelles à sensation. Toutefois, plusieurs événements survenus cette semaine peuvent imprimer des tendances lourdes sur les prochains mois et années et méritent donc d'être relevés.

Ils ne sont que la continuité d'éléments ayant déjà fait l'objet d'articles l'an passé : refus US de s'engager sur l'assistance mutuelle entre pays membres de l'OTAN (pourtant prévue par l'article 5 du traité de Washington), sortie de l'accord de Paris sur le climat décidée par Trump (http://actufreddeion.blogspot.ch/2017/06/bye-bye-america.html), extra-territorialité des sanctions américaines contre la Russie (http://actufreddeion.blogspot.ch/2017/08/les-fausses-bonnes-nouvelles.html).

Les événements de cette semaine ne sont donc pas nouveaux, mais ne sont qu'un enième épisode d'un feuilleton commencé il y a un an. Ils ajoutent les éléments supplémentaires suivants à la politique isolationniste menée par Trump :

1) Retrait américain de l'accord nucléaire sur l'Iran, soutenu uniquement par Tel-Aviv et Riyad (ce qui confirme l'existence d'un axe USA-Israël-Arabie)

2) Annonce d'un retour des sanctions US sur toutes les entreprises qui feraient affaire avec l'Iran (extra-territorialité des sanctions américaines)

3) Inauguration de l'ambassade américaine à Jerusalem

(un 4ème non-événement a eu lieu aussi cette semaine, frappes croisées sur Israël depuis la Syrie, et vice-versa : gesticulations militaires qui resteront sans aucune suite. Comme déjà écrit à l'automne 2016, le conflit syrien restera plus ou moins circonscrit  http://actufreddeion.blogspot.ch/2016/10/ww3.html).

Quelles seront donc les conséquences de l'isolationnisme US, et de l'extra-territorialité de leurs sanctions économiques ?

Pour ce qui est de la Chine et de la Russie, elles continueront sans surprise à commercer avec l'Iran en se moquant des menaces de rétorsion américaines.

Pour ce qui est de l'Europe... 

Soit elle s'aligne sur les sanctions US et reste le valet soumis à son maître. 

Soit elle s'en affranchit et mène enfin une politique économique et commerciale souveraine, ce qui amorcera enfin un rapprochement avec la Russie et la Chine. Inutile de dire que cela fera froncer quelques sourcils Outre-Atlantique.

Espérons toutefois que c'est cette deuxième option qui sera retenue... à suivre ces prochains mois.

lundi 30 avril 2018

révolution numérique vs régression humaine ?

Puisqu'il est de bon ton de vanter les mérites de la révolution numérique, il vaut la peine de prendre le contre-pied de ce discours dominant (l'objet même de ce blog n'étant pas de bêler avec les moutons).

Voici en vrac quelques revers peu reluisants de cette médaille numérique bien marketée :

Citons d'abord la collecte massive de données, rendue possible par des utilisateurs consentants, et qui est la source première des revenus des géants du net (données personnelles revendues, qui permettent la publicité ciblée en ligne, etc.). Votre sphère privée est encore plus mise à mal par l'arrivée des objets connectés dans votre domicile, là aussi avec votre consentement...

Ensuite, il y a la destruction des emplois par la robotisation (un robot détruirait cinq emplois), l'augmentation du nombre d'emplois précaires (Uber, etc.). A ce sujet, on constate que la révolution numérique n'amène pas de croissance supplémentaire (ce serait plutôt le contraire). En effet, la croissance vient principalement de la consommation des ménages, à la situation économique toujours plus incertaine, à la situation financière toujours plus fragile.

A noter que cette baisse de la croissance est également causée par le vieillissement démographique (le Japon étant un cas-école à cet égard). Jusqu'ici, la seule réponse étatique est de poursuivre la fuite en avant du surendettement, ce qui est évidemment la solution du pire pour tenter de maintenir une croissance atone.

Ce surendettement massif et croissant des Etats est encore péjoré par l'évasion fiscale que mènent les géants du net : autant d'argent détourné des besoins d'éducation et de santé des populations.

Corollaire, l'austérité frappe, les inégalités se creusent, les élections sanctionnent les élites qui ne parviennent plus à acheter la paix sociale. Les votes populistes sont-ils annonciateurs de
troubles sociaux à venir ?

lundi 26 mars 2018

Le début de la fin ?

Est-ce que l'historiographie de la fin du siècle retiendra 2018 comme étant celle du début de la fin de notre société thermo-industrio-financière ? (c'est-à-dire la transition vers un autre monde que celui que nous connaissons actuellement ?)

Après une année boursière 2017 étincelante, correction sur les marchés en janvier 2018, baisse des crypto-monnaies (de moitié pour le bitcoin entre la fin de l'année passée et le début de celle-ci), et un mois de février en dents de scie, source d'incertitudes pour la suite. La probable remontée des taux d'intérêts US sonnant le glas de la flambée des actions, la finance entre-t-elle dans une période de turbulences prolongée ?

Après la guerre des monnaies que s'est notamment livrée le dollar et le yuan dernièrement, place à la guerre commerciale déclenchée par Trump en décidant de taxer l'acier et l'aluminium à l'import. "Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner", a-t-il dit. Nous verrons...

Dans un autre registre, il sera aussi écrit que cette année, la ville sud-africaine du Cap sera la première ville développée à connaître une pénurie sévère d'eau. Beaucoup d'autres villes sont menacées de la rejoindre dans un futur plus ou moins proche : Los Angeles et San Diego, Lima et Caracas, Dar es Salaam, Jaipur (qui comptent toutes un ou plusieurs millions d'habitants...). Ainsi, d'ici 2050, une grande ville sur six (!) dans le monde devra faire face à des pénuries d'eau, en raison de l'augmentation de la consommation, l'explosion démographique et le réchauffement climatique (sécheresse).

L'eau n'est pas la seule denrée qui pourrait se raréfier : de nombreux métaux utilisés dans l'industrie et l'informatique n'ont pas des réserves connues qui vont au-delà de la décennie des années 2030. Les énergies fossiles, nos esclaves des temps modernes, sont aussi amenées à se tarir, à moins que ce soit leurs émissions polluantes qui nous oblige à y renoncer plus vite que prévu, si la survie de notre biosphère en dépend. "Eco-fascisme" ? Un scénario possible, si des mesures vertes doivent être finalement imposées de manière autoritaire à tous, dans un sursaut de survie qui arriverait bien tardivement. Comme pour le confirmer, le conseil mondial de la biodiversité (IPBES, composé de 550 experts) vient d'adopter un rapport le 22 mars à Medellin en Colombie, pointant l'extinction massive des espèces, la dégradation des sols, et la menace que cela fait peser sur l'agriculture et donc notre sécurité alimentaire.

2018-2050, trois décennies où l'humanité joue son avenir. Assisterons-nous à la même inaction que celle qui a prévalu ce dernier demi-siècle, alors que le scénario est connu dès 1972 avec la publication du rapport au Club de Rome "Limits to Growth" ? Si c'est le cas, nul doute que l'historien du futur étudiera cette période avec une certaine fascination morbide. Et pour nous autres qui la vivrons, nous nous consolerons de son côté tragique en nous disant que nous écrivons une page mémorable (de la fin) de notre civilisation.

mardi 6 février 2018

Oligarchie : complot vs réalité ?

En janvier, un journal de boulevard suisse a fait sa manchette, sa une et une double page sur les théories du complot à la mode.

Parmi elles, quelques absurdités au sujet de la terre qui serait plate, et autres imbécillités. Et, noyée au milieu de ces fadaises, une thèse soi-disant conspirationniste affirmant qu'une oligarchie, composée des élites financières et économiques, détient le pouvoir mondial.

Le même mois de janvier (lundi 22 janvier pour être précis, soit la veille du raout du WEF à Davos, et ce n'est pas une coïncidence), une étude publiée par l'ONG Oxfam sur les inégalités indique que les ultra-privilégiés sont toujours plus riches : en 2017, 50% de la population mondiale n’a pas touché le moindre bénéfice de la croissance, alors que le 1% le plus riche a empoché 82% des richesses mondiales. Quelques dizaines de multi-milliardaires détiennent plus que la moitié de l'humanité la plus pauvre.

Le lendemain (donc mardi 23 janvier pour être précis), le président suisse Alain Berset, dans son discours d'ouverture du 48ème forum économique mondial (soit le WEF davosien précité), insiste sur les problématiques liées aux sources d'instabilités mondiales, au changement climatique, et justement, aux inégalités.

Mais circulez, il n'y a rien à voir.

Les plus riches vont continuer de s'enrichir au détriment de la majorité démunie et silencieuse, ils vont continuer à bénéficier de paradis fiscaux pour éviter toute redistribution de leurs richesses et ainsi garder leurs fortunes rien que pour eux sans rien partager. Les entreprises vont elles aussi poursuivre à profiter d'optimisations fiscales, à enrichir leurs actionnaires grâce à leurs bons résultats tout en continuant à réduire leurs effectifs (le français Carrefour, l'américain Kimberley Clark, Credit Suisse, etc., pour ne citer que les restructurations les plus récentes médiatisées début 2018).

Et qu'en disent les contribuables moyens, taillables et corvéables à merci ? Rien. Pétri d'individualisme, abrutis derrière leurs écrans, ils assistent sans réagir à ce hold-up, véritable casse du 21ème siècle. Aucun mouvement social, pas le moindre désordre à l'horizon. L'oligarchie a de beaux jours devant elle, elle qui parvient même à dissimuler sa propre existence en se faisant passer pour un complot !

mercredi 3 janvier 2018

Orlov versus Deion : quel avenir ?

Le titre de cet article est évidemment provocateur. Loin de moi l'idée de me comparer à l'illustre Maître Orlov.

Ce dernier ayant publié un article l'automne passé ("Quel avenir ?") qui rejoint mes propres réflexions, je n'ai pu m'empêcher de le rapprocher de mon analyse personnelle.

Dans cet article, Orlov propose de deviner la forme générale de l’avenir en se concentrant sur les quatre facteurs suivants : le climat, l’énergie, la population et la géopolitique.

Voici ci-dessous un résumé de ces quatre facteurs, en commençant par le climat.


L’augmentation spectaculaire des niveaux de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère permettent déjà d’envisager plusieurs impacts importants. Les cyclones tropicaux sont plus intenses et plus humides, entraînant des inondations massives et des dommages aux infrastructures. Pendant ce temps, des incendies sans précédent ont ravagé certaines parties de la côte ouest américaine. De telles tendances continueront vraisemblablement à mesure que ces événements destructeurs vont augmenter en intensité.


En plus des inondations et des incendies, il y a de fortes chances que des vagues de chaleur estivales catastrophiques suffiront à mettre en panne le réseau électrique dans des pays comme les États-Unis, où la population dépend de la climatisation pour survivre et où le réseau électrique est terriblement périmé. La plupart des États de l’ouest des États-Unis seront confrontés à de tels événements catastrophiques et progresseront lentement vers des conditions beaucoup plus arides, où l’agriculture deviendra peu à peu intenable à mesure que le paysage redeviendra désertique.


Au sujet de l'énergie, Orlov rappelle que les sources renouvelables, telles que les éoliennes et les panneaux solaires, ne peuvent pas être produites ou entretenues sans une industrie basée sur les combustibles fossiles et elles vont produire une électricité pour laquelle il n’y aura pas beaucoup de demande une fois que l’industrie des combustibles fossiles aura disparu. De plus, ces sources d’électricité sont intermittentes, alors que l’électricité est notoirement chère et difficile à stocker, tandis que les utilisations résiduelles de l’électricité – communications, sécurité, équipement de contrôle, etc. – nécessitent un approvisionnement régulier.


Compte tenu de ces tendances en matière de météorologie et d’énergie, les pays auront des capacités différentes pour maintenir une population importante. En Europe, les populations indigènes diminueront en raison de leurs très faibles taux de natalité, alors qu'en Afrique, des taux de natalité très élevés conduiront à à conditions misérables et un surpeuplement menant à la violence et à la guerre.


Reste la géopolitique. Jusqu’à tout récemment, les États-Unis et l’Europe de l’Ouest ont réussi à rediriger vers eux la part du lion de la richesse naturelle restante de la planète. Le système financier érigé après la Seconde Guerre mondiale a été truqué afin que les institutions bancaires occidentales puissent servir de garde-chiourme au monde entier, prêtant à faible taux à leurs copains et à des taux élevés au reste du monde, menaçant quiconque refusant de jouer à ce jeu par des sanctions économiques, des assassinats politiques ou des guerres. Globalement, cela leur a permis de simplement imprimer de l’argent pour acheter ce qu’ils voulaient tout en forçant les autres à travailler pour eux. Un aspect clé de ce régime était que les exportations mondiales de pétrole étaient cotées et devaient être payées en dollars américains. Ce programme est actuellement en phase terminale. Ce qui le remplacera est encore incertain. Mais ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir, les gouvernements d’Europe occidentale et d’Amérique ne seront pas en mesure d’extorquer tout ce dont ils ont besoin au reste du monde pour soutenir artificiellement leur si confortable niveau de vie.


Mes propres réflexions intègrent bien évidemment ces facteurs et je rejoins Orlov dans son analyse, même si je les articule de façon différente, plus dans un continuum temporel/historique (voir mon livre) que dans une approche spatiale/géopolitique.


Les quatre facteurs que je retiens pour ma part sont ceux de l'instabilité financière, la raréfaction des ressources, les atteintes à la biosphère, et les problématiques démographiques.


La première crise qui s'annonce sur le court terme (années 2020) sera financière, causée par l'abus des politiques accommodantes actées par les banques centrales depuis la crise des subprimes et le krach qui a suivi (2007-2009) : taux zéro, endettement massif, quantitative easing et planche à billets. Couplées à un essor sans précédent de la finance de l'ombre non régulée (shadow banking), ces tendances ont mené à la création de bulles et à la fragilisation du système financier dans son ensemble. Gare à la chute de l'économie, lorsque ce château de cartes s'effondrera.


La deuxième crise qui s'annonce sur le moyen terme (dès la décennie des années 2030) est celle de la raréfaction des ressources : eau, terres agricoles non touchées par la désertification ou la montée des océans (une des première conséquence de la crise suivante), certains métaux utilisés dans l'industrie, et fin de l'énergie bon marché.


La troisième crise qui s'annonce est liée aux atteintes portées à la biosphère, dont les conséquences les plus visibles (et les plus tragiques) se verront à plus long terme (années 2040). Pas seulement le changement climatique, mais aussi les pollutions, l'extinction des espèces (faunes et flores) liée en particulier à la disparition de leur habitats, etc.


La dernière crise qui s'annonce est démographique (dès les années 2050) : surpopulation, d'une part, ce qui mettra une pression supplémentaire sur des ressources en diminution (voir deuxième crise). D'autre part, vieillissement de la population, ce qui fera imploser le système des retraites qu'il ne sera plus possible de financer, et maintiendra une croissance atone (les personnes âgées ne consomment plus, et n'auront plus les moyens de le faire !). Sans croissance, comment les Etats pourront acheter la paix sociale (difficultés à financer non seulement les retraites, mais aussi les autres allocations) ? La suite, on la connaît, inégalités, votes contestataires et troubles sociaux sont déjà à l'ordre du jour...