mercredi 3 janvier 2018

Orlov versus Deion : quel avenir ?

Le titre de cet article est évidemment provocateur. Loin de moi l'idée de me comparer à l'illustre Maître Orlov.

Ce dernier ayant publié un article l'automne passé ("Quel avenir ?") qui rejoint mes propres réflexions, je n'ai pu m'empêcher de le rapprocher de mon analyse personnelle.

Dans cet article, Orlov propose de deviner la forme générale de l’avenir en se concentrant sur les quatre facteurs suivants : le climat, l’énergie, la population et la géopolitique.

Voici ci-dessous un résumé de ces quatre facteurs, en commençant par le climat.


L’augmentation spectaculaire des niveaux de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère permettent déjà d’envisager plusieurs impacts importants. Les cyclones tropicaux sont plus intenses et plus humides, entraînant des inondations massives et des dommages aux infrastructures. Pendant ce temps, des incendies sans précédent ont ravagé certaines parties de la côte ouest américaine. De telles tendances continueront vraisemblablement à mesure que ces événements destructeurs vont augmenter en intensité.


En plus des inondations et des incendies, il y a de fortes chances que des vagues de chaleur estivales catastrophiques suffiront à mettre en panne le réseau électrique dans des pays comme les États-Unis, où la population dépend de la climatisation pour survivre et où le réseau électrique est terriblement périmé. La plupart des États de l’ouest des États-Unis seront confrontés à de tels événements catastrophiques et progresseront lentement vers des conditions beaucoup plus arides, où l’agriculture deviendra peu à peu intenable à mesure que le paysage redeviendra désertique.


Au sujet de l'énergie, Orlov rappelle que les sources renouvelables, telles que les éoliennes et les panneaux solaires, ne peuvent pas être produites ou entretenues sans une industrie basée sur les combustibles fossiles et elles vont produire une électricité pour laquelle il n’y aura pas beaucoup de demande une fois que l’industrie des combustibles fossiles aura disparu. De plus, ces sources d’électricité sont intermittentes, alors que l’électricité est notoirement chère et difficile à stocker, tandis que les utilisations résiduelles de l’électricité – communications, sécurité, équipement de contrôle, etc. – nécessitent un approvisionnement régulier.


Compte tenu de ces tendances en matière de météorologie et d’énergie, les pays auront des capacités différentes pour maintenir une population importante. En Europe, les populations indigènes diminueront en raison de leurs très faibles taux de natalité, alors qu'en Afrique, des taux de natalité très élevés conduiront à à conditions misérables et un surpeuplement menant à la violence et à la guerre.


Reste la géopolitique. Jusqu’à tout récemment, les États-Unis et l’Europe de l’Ouest ont réussi à rediriger vers eux la part du lion de la richesse naturelle restante de la planète. Le système financier érigé après la Seconde Guerre mondiale a été truqué afin que les institutions bancaires occidentales puissent servir de garde-chiourme au monde entier, prêtant à faible taux à leurs copains et à des taux élevés au reste du monde, menaçant quiconque refusant de jouer à ce jeu par des sanctions économiques, des assassinats politiques ou des guerres. Globalement, cela leur a permis de simplement imprimer de l’argent pour acheter ce qu’ils voulaient tout en forçant les autres à travailler pour eux. Un aspect clé de ce régime était que les exportations mondiales de pétrole étaient cotées et devaient être payées en dollars américains. Ce programme est actuellement en phase terminale. Ce qui le remplacera est encore incertain. Mais ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir, les gouvernements d’Europe occidentale et d’Amérique ne seront pas en mesure d’extorquer tout ce dont ils ont besoin au reste du monde pour soutenir artificiellement leur si confortable niveau de vie.


Mes propres réflexions intègrent bien évidemment ces facteurs et je rejoins Orlov dans son analyse, même si je les articule de façon différente, plus dans un continuum temporel/historique (voir mon livre) que dans une approche spatiale/géopolitique.


Les quatre facteurs que je retiens pour ma part sont ceux de l'instabilité financière, la raréfaction des ressources, les atteintes à la biosphère, et les problématiques démographiques.


La première crise qui s'annonce sur le court terme (années 2020) sera financière, causée par l'abus des politiques accommodantes actées par les banques centrales depuis la crise des subprimes et le krach qui a suivi (2007-2009) : taux zéro, endettement massif, quantitative easing et planche à billets. Couplées à un essor sans précédent de la finance de l'ombre non régulée (shadow banking), ces tendances ont mené à la création de bulles et à la fragilisation du système financier dans son ensemble. Gare à la chute de l'économie, lorsque ce château de cartes s'effondrera.


La deuxième crise qui s'annonce sur le moyen terme (dès la décennie des années 2030) est celle de la raréfaction des ressources : eau, terres agricoles non touchées par la désertification ou la montée des océans (une des première conséquence de la crise suivante), certains métaux utilisés dans l'industrie, et fin de l'énergie bon marché.


La troisième crise qui s'annonce est liée aux atteintes portées à la biosphère, dont les conséquences les plus visibles (et les plus tragiques) se verront à plus long terme (années 2040). Pas seulement le changement climatique, mais aussi les pollutions, l'extinction des espèces (faunes et flores) liée en particulier à la disparition de leur habitats, etc.


La dernière crise qui s'annonce est démographique (dès les années 2050) : surpopulation, d'une part, ce qui mettra une pression supplémentaire sur des ressources en diminution (voir deuxième crise). D'autre part, vieillissement de la population, ce qui fera imploser le système des retraites qu'il ne sera plus possible de financer, et maintiendra une croissance atone (les personnes âgées ne consomment plus, et n'auront plus les moyens de le faire !). Sans croissance, comment les Etats pourront acheter la paix sociale (difficultés à financer non seulement les retraites, mais aussi les autres allocations) ? La suite, on la connaît, inégalités, votes contestataires et troubles sociaux sont déjà à l'ordre du jour...