samedi 19 janvier 2019

Coup de gueule numéro 5 : capitalisme & démocratie vs néo-libéralisme & oligarchie

Il y a toujours des personnes vivant dans un des pays développé du monde occidental (Europe et Amérique du Nord), qui pensent être dans un système politique démocratique qui va de pair avec une économie de marché, dite capitaliste. On peut en fait assez facilement démontrer que cette croyance ne résiste pas à l'examen des faits.

Commençons par le capitalisme, basé sur un marché libre, sans intervention étatique, où les choix rationnels de chaque individu permettent de maintenir le système en équilibre (l'offre et la demande, guidées par la fameuse main invisible). Pourtant, lors de la dernière crise financière, les Etats sont massivement intervenus pour sauver leurs banques de la faillite (too big to fail), en utilisant abondamment l'argent du contribuable (ainsi, aux USA en 2008, le racket orchestré par les banques leur a permis d'empocher plus de 1000 milliards de dollars d'argent public, dans l'indifférence générale...)

La finance mondiale et le système bancaire relèvent donc plus d'un système anarchico-socialiste que capitaliste. Anarchique, car les banquiers militent pour supprimer toute régulation qui entraverait leurs affaires en période de vaches grasses. Pour ce qui est des lois que les banques n'arrivent pas à faire supprimer, elles les détournent (finance de l'ombre / shadow banking et dark pools), ou les violent en toute impunité (too big to jail). Socialiste, car les banques appellent l'Etat à la rescousse lorsque les bulles éclatent (elles ne se dégonflent jamais en douceur) et que le krach survient à l'improviste (la fameuse "privatisation des profits, socialisation des pertes").

Le système néolibéral actuel peut donc être défini comme n'étant pas capitaliste, mais anarchique quand il s'agit de faire main basse sur un maximum de bénéfices par tous les moyens possibles (même illégaux), d'une part. D'autre part, socialiste quand la population est mise à contribution pour sauver une banque de la faillite : la cupidité de ses dirigeants les ont amené à des prises de risques qui les ont trop exposés sur les marchés.

Pour ce qui est de la démocratie, son niveau ne se mesure pas seulement à la convocation aux urnes, à intervalles plus ou moins réguliers, d'une population de plus en plus désabusée. Le camp des abstentionnistes ne cesse d'augmenter, les électeurs ayant le sentiment de ne pas être écouté : le pouvoir a été confisqué par des élites ne les représentant plus.

D'où la survenue de mouvements dits populistes, qui rejettent ces élites (dégagisme), dénoncent la baisse de leur niveau de vie et la hausse des inégalités. En réaction aux mouvements migratoires et à la mondialisation qui les fragilisent, ils adoptent un repli identitaire et demandent un retour à la protection des frontières. Cette confiscation du pouvoir démocratique par une élite économique et financière non élue, c'est précisément ce qui caractérise un système oligarchique dans lequel nous sommes aujourd'hui.

Conséquences : abstentionnisme et vote protestataire déjà mentionnés, mouvements sociaux comme les gilets jaunes en France, remise en question de la technocratie européenne (Brexit, Italie, Europe de l'Est), etc. Mais attention, plus le fossé qui sépare l'oligarchie et les citoyens va se creuser, moins la situation sera sous contrôle pour les élites. Les temps à venir seront troublés, et cela va durer.