mercredi 1 mai 2019

Coup de gueule numéro 9 : la société sans cash

Une récente campagne de pub suisse (devrait-on dire, de propagande ?) et ciblant les jeunes, tente de faire passer le message que payer sans cash, c'est fun, cool et tendance ("do the cashless" avec son petit pas de danse : https://dance.cashless.ch/fr/)

Qui est derrière ce spot vidéo ? La communauté suisse des prestataires de cartes bancaires (UBS, Visa, American Express, etc.)

Leur but ? poursuivre leur guerre contre le cash, visant à sa suppression.

Avec quels intérêts pour eux ?
  • pour les banques, fermer des agences
  • réduire le nombre de distributeurs de billets (coûteux à entretenir et à approvisionner)
  • obliger leurs clients à être captifs : sans cash, obligation de déposer tous ses avoirs sur son compte, et d'utiliser les services numériques proposés. On fait travailler le client qui gère son compte lui-même, et on licencie des employés.
  • toucher des commissions sur les transactions, au détriment des commerçants, et des consommateurs si le prix est majoré.
Avec quels inconvénients pour les particuliers ?
  • atteinte à la sphère privée : toute transaction est inscrite et enregistrée, voire surveillée
  • exclusion financière, pour les personnes qui n'ont pas accès aux services bancaires
  • cybersécurité : vol de données personnelles et utilisation frauduleuse de vos moyens de paiement
  • en cas de pannes du système (coupures), impossibilité de payer ou de retirer de l'argent. A l'inverse, le cash ne dépend pas d'un centre de données, il est toujours accessible, disponible, utilisable, sans surveillance, ni contrôle à distance.
Une société sans cash, c'est une autre de nos libertés qui est supprimée. Ce sont les intérêts des institutions financières qui sont priorisés, à nos dépens. Cela ne fonctionne que lorsque tout se passe bien, mais rien, jamais, ne fonctionne toujours comme prévu (voir l'histoire du nucléaire : les "experts" affirmaient qu'un accident majeur était statistiquement "impossible". Il y a eu Windscale (UK), Three Mile Island (USA), Tchernobyl (URSS), Fukushima (J), pour ne citer que les plus graves...)

Si vous n'avez plus de cash, et que toutes vos économies sont sur un compte, vous devez alors faire confiance au système. En cas de panne (électricité, réseaux, serveurs et centres de données, etc.), vous n'aurez plus accès à vos avoirs.

En cas de crise financière (comme celle de 2007-2009), les banques peuvent faire faillite (comme Lehman Brothers) ou fermer temporairement (comme en Grèce). Les Grecs ne pouvaient retirer plus que 60 euros par jour, après avoir attendu des heures dans des files d'attente interminables... sauf ceux qui avaient eu la prévoyance d'avoir, à l'avance, une réserve de cash à la maison. Le secteur financier de Chypre a lui été sauvé en mettant les déposants à contribution ("bail in"). Les comptes de plus de 100'000 euros de Bank of Cyprus ont été ponctionnés à hauteur de 47,5%. La Laiki Bank ayant été liquidée, ses dépôts de plus de 100'000 euros ont subi une perte entre 80 et 90% de leur valeur. Vive les dépôts !

Après la crise financière, les taux d'intérêts ont baissé, pour arriver à zéro (déposer son argent dans une banque ne rapporte plus rien), voire en territoire négatif  (déposer son argent coûte, puisque la banque taxe votre argent). Devoir tout déposer sur son compte, puis se faire taxer par sa banque, c'est décidément fantastique ! Pour qui ? Alors, "do the cashless", et prêt à danser ?