vendredi 24 juin 2016

Brexit, quand la population ne suit plus ses élites

Depuis le début de l'année, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord a vécu au rythme de la campagne pro- ou anti-européenne, positions qui ne se départageaient pas dans les enquêtes d'opinion, plongeant tout le continent dans l'incertitude la plus complète.
A quelques semaines du scrutin, le camp du "leave" semblait finalement prendre l'avantage.
Puis vint l'assassinat de la députée travailliste Jo Cox, qui militait contre le Brexit. Les sondages menés juste après son assassinat indiquaient une remontée des intentions de vote en faveur du maintien du pays au sein de l'Union Européenne.
D'où la première question, que se posèrent les adeptes de théories du complot : à qui profite le crime ?
  • aux élites politiques de Westminster  (partis travaillistes et conservateurs confondus) ?
  • aux financiers de la City et d'ailleurs ?
  • aux dirigeants intégrationnistes de Bruxelles ?
(liste non exhaustive)
Las, le peuple anglais choisit en ce 23 juin de prendre le large, rejetant pêle-mêle le centralisme bureaucratique européen et une immigration incontrôlée, et aspirant à un retour de leur souveraineté et de leurs frontières.
Et voici la seconde question : le Brexit sera une sécession isolée, ou un exemple à suivre pour d'autres Etats-membres (France, Pays-Bas, Suède, Danemark, Hongrie...) par effet domino ?
Si c'est le cas, les disparitions de Jo Cox et de l'Union Européenne ne seront séparées que de quelques années ou décennies. Autant dire rien, à l'échelle de l'histoire.

Fred Deion

vendredi 10 juin 2016

Euro 2016 : match CGT versus France, ou chronique d'un déclin annoncé

Vendredi 10 juin 2016 à 21h, c'est l'ouverture de l'euro avec le match France-Roumanie.
Un autre match s'est déjà joué en coulisse depuis quelques semaines, et celui-là, la France l'a déjà perdu, c'est son bras de fer contre la CGT.

En résumé :
  • Manifestations contre la loi travail, puis contre les violences policières (tiens, pas de manifestations pour dénoncer les casseurs...)
  • Grève dans les transports, successivement à la RATP, à la SNCF, à Air France;
  • Blocage des stations services, dépôts d'essence, raffineries, causant des files d'attentes des automobilistes obligés de prendre leur mal en patience dans l'espoir de faire le plein;
  • Débrayages dans les centrales nucléaires, contraintes à des baisses de production;
  • Grève des éboueurs, les poubelles s'accumulent sur les trottoirs parisiens;
  • Blocages temporaires de routes, ports, écluses, barrages filtrants, opérations escargot.

Conséquences :
  • Selon les acteurs du tourisme (hôtels, restaurants, commerces dans les lieux et stations touristiques), baisse de la fréquentation, déjà à la peine depuis les attentats du 13 novembre;
  • PME souffrant des blocages susmentionnés, avec des difficultés pour se fournir ou pour livrer;
  • L'économie menacée de paralysie et prise en otage.

Nonobstant ce qui précède, le mouvement social continue, pour ne rien lâcher sur les "acquis" du CDI tellement avantageux que plus aucun employeur n'en signe, contraignant les nouveaux arrivants sur le marché du travail à enchaîner les CDD dans le meilleur des cas, ou accepter des stages non rémunérés dans le pire : ou quand le dogmatisme mène à la précarité de ceux qu'on prétend représenter.

Autre paradoxe difficilement compréhensible : comment peut-on affirmer "défendre l'emploi" en asphyxiant une économie déjà fragile ? Cette logique du jusqu'au-boutisme ne peut qu'accélérer le déclin français amorcé depuis déjà 40 ans, débâcle faite d'endettement, de délocalisations et de déindustrialisations, de chômage.

Sans oublier le visage que la France donne d'elle à l'étranger, les images de violences, grèves, stations services à sec ayant été relayées par tous les médias à travers le monde. D'où les questions suivantes à ne pas sous-estimer : Quel investisseur choisira la France pour financer un projet industriel ? Quel entrepreneur osera se lancer dans un tel contexte ?

Sur la pelouse, à 22h54, la France a gagné contre la Roumanie.
Sur le terrain économique, c'est la France qui perd et la CGT qui gagne, et ce faisant, détruit des emplois présents et futurs, ceux-là même qu'elle serait sensé aider à sauvegarder.

Fred Deion