samedi 30 novembre 2019

Deuil du monde d'aujourd'hui, et réactions à la perspective d'un effondrement

Il est courant de comparer l'état actuel de notre monde avec les étapes du deuil telles que modélisées par Elisabeth Kübler-Ross (à noter que ces étapes ne se déroulent pas forcément dans l'ordre chronologique ci-dessous, et peuvent donc être indépendantes les unes des autres).


La première étape, déni ou choc, peut correspondre soit aux personnes qui n'acceptent pas un certains nombre de faits ou constats (par exemple, les climato-sceptiques), soit aux personnes qui, prenant la mesure de la situation, en sont suffisamment ébranlées pour être incapables de toute réaction dans un premier temps (effet de sidération).
La seconde étape, la colère, va sûrement aller grandissant dans un futur proche : gilets jaunes qui continuent à descendre dans les rues françaises pour s'opposer à la réforme des retraites, mouvements sociaux au Chili, Algérie, Liban, Irak, Iran, Hong-Kong, etc. Dans un autre registre, des événements organisés par des activistes comme ceux d'Extinction Rebellion, vont probablement prendre de l'ampleur.
La 3ème étape, celle du marchandage, est illustrée par le triste spectacle des conférences pour le climat où les délégations négocient des droits à polluer, alors que des entreprises verdissent leur business via du greenwashing et du green-tech, pour tenter de redonner de l'espoir en notre modèle productiviste.
La 4ème étape est celle de la dépression, de la tristesse ou de la détresse. C'est l'étape où se trouvent les personnes qui réalisent que leur avenir, ou celui de leurs enfants, est compromis par un scénario d'effondrement qui devient de plus en plus probable.
La dernière étape est celle de l'acceptation, c'est-à-dire que cette perspective est acceptée par certaines personnes (une partie d'entre elles vont même réorganiser leur vie en fonction de leur prise de conscience : adaptation, préparation, résilience).

D'ailleurs, à ce sujet, l'auteur Pablo Servigne (dans son livre "Comment tout peut s'effondrer ?") décrit les 5 réactions suivantes face à la perspective d'un effondrement :
1) "ça va péter" : réaction composée d'impuissance face à la situation, de ressentiment et de nihilisme
2) "à quoi bon" : profiter de la vie pendant qu'il est encore temps, en latin, "carpe diem"
3) les survivalistes, en anglais, preppers : ceux qui se préparent à l'effondrement
4) les transitionneurs, qui appellent à une transition collective au niveau d'un village, d'une communauté ou d'une région
5) les collapsologues, qui étudient l'effondrement sous toutes ses coutures, échaffaudent des scénarios, lisent ou publient des articles, des livres, etc.
Il est inutile de chercher à se mettre que dans une seule catégorie : la nature humaine étant diverse et variée, bien souvent nous sommes un peu de tout...