vendredi 11 août 2017

Nous sommes Suisses, et les Suisses ne rendent les armes qu'avec la vie !

10 août 1972 : Le Roi ordonne aux Suisses de déposer les armes

Le 10 août 1792, abusé par de fausses promesses et des nouvelles contradictoires, le Roi de France Louis XVI décide d’abandonner le château des Tuileries pour se placer sous la « protection » de l’Assemblée nationale. Escorté par une compagnie de soldats suisses commandés par le capitaine d’Erlach et flanqué de cinquante grenadiers des Filles Saint-Thomas, le Roi et sa famille se rendent aux députés de l’Assemblée nationale. Durant d’interminables heures sanglantes, l’escorte du Roi, puis les soldats assignés à la défense des Tuileries vont subir les attaques rageuses d’une foule assoiffée de vengeance. 

Dans la confusion de ces heures sombres, un message du roi ordonnant aux Suisses de se retirer dans leurs casernes sera mal interprété par un émissaire, conduisant les Suisses à se porter au secours du Roi, retenu au sein de l’Assemblée nationale. Arrivés après de lourdes pertes auprès de celui qu’ils avaient tous juré sur leur honneur et leur fidélité de défendre, les Suisses ne peuvent que constater que le Roi a été déchu de ses pouvoirs. Croyant alors pouvoir encore les sauver, le Roi ordonne que les Suisses rendent leurs armes à la garde nationale. Il signe alors l’arrêt de mort de ses fidèles Suisses. 

Son ordre du 10 août 1792 est encore conservé au musée du Carnavalet, voici sa teneur : « Le Roi ordonne aux Suisses  de déposer à l’instant leurs armes et de se retirer dans leurs casernes. » Sur les quelques 950 officiers, sous-officiers et soldats suisses en fonction, 850 furent massacrés entre le 10 août 1792 et le 3 septembre. Ce sacrifice incroyable a été dû à la conjugaison d’ordres d’un roi faible et indécis, à la barbarie d’une foule manipulée par les Jacobins et révolutionnaires de tous clubs, ainsi qu’à la discipline immuable des régiments suisses au service étranger. La nouvelle de ces massacres eut des échos en Suisse où l’indignation la plus vive fut ressentie. Le massacre des Tuileries et le récit des horreurs commises contre les Suisses marquèrent le glas des bonnes relations entretenues entre le Royaume de France et la Suisse (Diète) qui prévalaient depuis 1453, date de la première alliance entre français et suisses. 

10 août 2017 : L’UE ordonne aux Suisses de déposer les armes...

225 ans séparent ces deux injonctions, mais toujours la même volonté derrière ces mots : désarmer ! En 2017, ce n’est plus un Roi de droit divin qui ordonne, mais une commission européenne auto-proclamée, sans aucune légitimité démocratique, dont la toute-puissance frappe aussi bien les Polonais réticents à un changement de lois, les Tchèques empreints de liberté et de sécurité ou encore les Hongrois refusant des contingents de migrants illégaux. 

225 ans mais toujours la même rengaine : Que les Suisses rendent les armes ! 

A ces mots, seule la phrase du sergent Blaser de Soleure peut faire écho : « Nous sommes Suisses et les Suisses ne rendent les armes qu’avec la vie ! » 

Savièse, le 10 août 2017, Robin Udry Secrétaire général de proTELL

Le 7 août 1817, la Diète fédérale ordonnera la distribution d’une médaille commémorative aux 345 survivants du Régiment des Gardes-Suisse de France et en 1818, Karl Pfyffer von Altishofen, un officier du Régiment des Gardes-suisses en congé à l’époque du massacre des Tuileries, organise une collecte de fonds destiné à la création d’un monument en hommage à ses camarades disparus. Entre 1820 et 1821, le fameux Lion de Lucerne est taillé dans une ancienne carrière, rappelant les vertus des soldats suisses au service de France. La devise gravée est la suivante : Helvetiorum Fidei ac Virtuti (À la loyauté et à la bravoure des Suisses). Ce monument est l’un des plus visités de Suisse avec plus de 1,4 millions de visiteurs/an.

Les fausses bonnes nouvelles

Ces derniers temps, les fake news et autres faits alternatifs sont à la mode.
Ce mois de juillet, bienvenue à une autre variante : les fausses bonnes nouvelles.

Quelques exemples :

1) La Grèce réussit son retour sur les marchés, en empruntant 3 milliards d'euros. Pour le gouvernement grec,"un succès absolu", "une réussite totale", "des bases solides". Fantastique.
Avec une dette insoutenable de plus de 320 milliards d'euros, soit 180% de son PIB, qui ose réellement partager cet optimisme ? En dehors d'Athènes, de la Commission européenne et des téméraires, ou mécènes,  qui ont souscrit à cet emprunt ? D'autres resteront convaincus que la vraie bonne nouvelle pour la Grèce aurait été de sortir de l'euro dès fin 2009, pour dévaluer leur monnaie et ainsi réduire leur endettement colossal. En ne reniant pas le dogme de la monnaie unique, Athènes a fait plaisir aux eurocrates, mais n'est jamais parvenue, ces huit dernières années, ni à diminuer sa dette, ni à alléger l'austérité dont est frappée sa population.

2) La Chine pourrait devenir un parmi les premiers pays à supprimer le cash. Fantastique.
Il n'y a en effet déjà plus grand-chose que les Chinois ne paient pas avec leur téléphone portable. En 2016, la valeur des marchandises achetées à partir de terminaux s'est élevée à 5000 milliards d'euro. Le paiement mobile est tellement entré dans les moeurs que certains points de vente chinois n'acceptent plus les billets de banque et affichent le code QR que leurs clients n'ont qu'à scanner pour régler leur transaction.

A mettre en relation (ce qui ne semble pourtant pas être le cas !) avec l'endettement chinois. D'une part, hausse de la dette privée, car des millions de jeunes empruntent grâce aux faibles taux d'intérêts, entraînant une flambée du prix des logements, faisant redouter une bulle immobilière. Subprime bis ? D'autre part, la dette totale du pays est passée de 140% à 260% du PIB en une décennie, également en raison du massif investissement public à crédit dans les infrastructures.

En supprimant le cash, on oblige la population à déposer ses avoirs sur un compte. En cas de crise financière, l'Etat pourra se refinancer en imposant des taux négatifs à toute la population, ce qui reviendra à introduire un impôt sur les dépôts. Alors, les citoyens qui acceptent de céder à leurs gouvernants le pouvoir de contrôler, de manipuler, de confisquer leur épargne, une bonne nouvelle ?


3) Des politiciens et journalistes américains se félicitent du bon fonctionnement des contre-pouvoirs : en réponse à la supposée russophilie de Trump, le Sénat adopte en effet des sanctions supplémentaires contre la Russie. Fantastique.

Conséquences de cette ("bonne") nouvelle : (liste non exhaustive)
  • fragilisation supplémentaire de la présidence américaine, déjà mise à mal par l'échec de la réforme sur l'Obamacare et le déballage des querelles intestines régnant à la Maison Blanche
  • augmentation des tensions entre les deux puissances nucléaires
  • représailles russes, en réponse à "l'insolence" des USA (dixit Poutine)
  • l'Europe devient une victime collatérale des nouvelles mesures américaines, puisque celles-ci prévoient aussi de sanctionner les entreprises qui travaillent sur des pipelines venant de Russie, par exemple en limitant leur accès aux banques et en les excluant des marchés publics aux États-Unis.
Sur ce dernier point, précisons que cinq groupes européens collaborent à la construction d’un gazoduc avec la Russie. Il en va donc des approvisionnements en gaz de l'Europe ! Si cette priorité stratégique a échappé au Sénat américain, elle a fait réagir de ce côté-ci de l'Atlantique. Pour ne prendre qu'un exemple, le chef de la diplomatie allemande a indiqué que "nous n’accepterons en aucune façon l’application extraterritoriale de ces sanctions américaines contre des entreprises européennes". Sera-t-il entendu, et son vocabulaire compris ?

On peut se poser la question, vu la façon de s'exprimer du nouveau directeur de la communication de la Maison Blanche, Anthony Scaramucci (ex Goldman Sachs). Rappelons la vulgarité avec laquelle il a qualifié deux de ses collègues ("putain de schizophrène paranoïaque" pour l'un, insulte grossière à caractère sexuel non publiée pour l'autre).

Rappelons aussi comment s'était exprimée une diplomate américaine au sujet de la crise en Ukraine : "Fuck the EU".

Alors, plutôt que de parler d' "application extraterritoriale de ces sanctions", la diplomatie européenne ne devrait-elle pas changer de terminologie pour être sûre de se faire comprendre par son homologue américaine ? Au hasard, "Fuck the US", semble sonner juste.

L'utilisation d'un tel vocabulaire, voilà ce qui constituerait enfin une vraie bonne nouvelle.