Par le passé, quel a été le succès des initiatives populaires déjà lancées par le GSsA ?
En 1989, la première initiative du GSsA pour une Suisse sans armée obtient 35% d'avis en faveur de la suppression de la défense nationale (qui comptait 620'000 soldats, sans les réservistes, au moment de la votation). Ce résultat a eu le mérite de provoquer un séisme au sein de la grande muette, et au-delà.
Conséquence indirecte de cette votation, les réformes militaires se suivront sans interruption pour les trois décennies suivantes :
- réforme "Armée 95" (1995) : durée de service réduite, suppression des classes d'âge et regroupement par incorporation, réduction de l'effectif à 390'000 soldats
- introduction du service civil en 1996
- réforme " Armée XXI" (2004) : réduction de l'effectif à 220'000 soldats et durée du service réduite
- réforme "DEVA" (développement de l'armée, en cours) : réduction de l'effectif à 100'000 soldats qui seront complètement équipés, réintroduction d'un système de mobilisation (8000 soldats sous 3 jours, 35'000 les 10 jours suivants)
- initiative pour une Suisse sans nouveaux avions de combat (visant à éviter l'achat de 34 F/A-18 décidé par le parlement), rejetée en 1993 par 57% des votants
- seconde initiative pour une Suisse sans armée, couplée à une initiative pour un service volontaire pour la paix, refusées en 2001 par respectivement 78% et 77% des votants
- initiative pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre, rejetée en 2009 par 68% des votants
- initiative pour la protection face à la violence des armes, introduisant une clause du besoin (justification pour toute possession d'arme à feu), l'obligation du stockage des armes militaires à l'arsenal, et la mise en place d'un registre national. Le texte est rejeté en 2011 par 56% des votants.
- initiative pour l'abrogation du service militaire obligatoire, refusée en 2013 par 73% des votants
L'actualité semble pourtant indiquer plutôt le contraire : il n'y a jamais eu autant de guerres dans le monde, d'attentats terroristes et de dépenses d'armement. Rien qu'en Europe, les récents conflits yougoslaves (1991-2001) et ukrainien (en cours) indiquent que notre continent n'est pas à l'abri de confrontations meurtrières.
Le passé nous indique lui aussi qu'il n'y a que trop peu de périodes sans troubles, et lorsqu'il y en a, elles sont éphémères. Une phrase extraite du film "Fury" vaut à elle seule tous les discours : "Les idéaux sont pacifiques, l’Histoire est violente".
Fred Deion