vendredi 28 avril 2017

Armée versus GSsA

Ce 11 avril, le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a lancé la récolte de 100'000 signatures, nécessaires pour faire voter sa nouvelle initiative populaire visant à interdire à la Banque Nationale Suisse, ainsi qu'aux caisses de pensions et de retraites, d'investir dans l'industrie d'armement.

Par le passé, quel a été le succès des initiatives populaires déjà lancées par le GSsA ?

En 1989, la première initiative du GSsA pour une Suisse sans armée obtient 35% d'avis en faveur de la suppression de la défense nationale (qui comptait 620'000 soldats, sans les réservistes, au moment de la votation). Ce résultat a eu le mérite de provoquer un séisme au sein de la grande muette, et au-delà.

Conséquence indirecte de cette votation, les réformes militaires se suivront sans interruption pour les trois décennies suivantes :
  • réforme "Armée 95" (1995) : durée de service réduite, suppression des classes d'âge et regroupement par incorporation, réduction de l'effectif à 390'000 soldats
  • introduction du service civil en 1996
  • réforme " Armée XXI" (2004) : réduction de l'effectif à 220'000 soldats et durée du service réduite
  • réforme "DEVA" (développement de l'armée, en cours) :  réduction de l'effectif à 100'000 soldats qui seront complètement équipés, réintroduction d'un système de mobilisation (8000 soldats sous 3 jours, 35'000 les 10 jours suivants)
Nonobstant ces réductions de budget et d'effectifs, le GSsA poursuit avec un insuccès certain le lancement d'autres initiatives visant à détricoter l'armée. Comme la suppression pure et simple de l'armée a échoué en 1989, la tactique du salami est souvent privilégiée :
  • initiative pour une Suisse sans nouveaux avions de combat (visant à éviter l'achat de 34 F/A-18 décidé par le parlement), rejetée en 1993 par 57% des votants
  • seconde initiative pour une Suisse sans armée, couplée à une initiative pour un service volontaire pour la paix, refusées en 2001 par respectivement 78% et 77% des votants
  • initiative pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre, rejetée en 2009 par 68% des votants
  • initiative pour la protection face à la violence des armes, introduisant une clause du besoin (justification pour toute possession d'arme à feu), l'obligation du stockage des armes militaires à l'arsenal, et la mise en place d'un registre national. Le texte est rejeté en 2011 par 56% des votants.
  • initiative pour l'abrogation du service militaire obligatoire, refusée en 2013 par 73% des votants
Pourquoi cet entêtement ? Pour le GSsA, plus aucune menace d'ordre militaire ne pèse sur la Suisse depuis l'effondrement de l'URSS et du bloc de l'Est, et la disparition du Pacte de Varsovie.

L'actualité semble pourtant indiquer plutôt le contraire : il n'y a jamais eu autant de guerres dans le monde, d'attentats terroristes et de dépenses d'armement. Rien qu'en Europe, les récents conflits yougoslaves (1991-2001) et ukrainien (en cours) indiquent que notre continent n'est pas à l'abri de confrontations meurtrières.

Le passé nous indique lui aussi qu'il n'y a que trop peu de périodes sans troubles, et lorsqu'il y en a, elles sont éphémères. Une phrase extraite du film "Fury" vaut à elle seule tous les discours : "Les idéaux sont pacifiques, l’Histoire est violente".

Fred Deion

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