mercredi 1 avril 2020

Lettre d'Extinction Rebellion au gouvernement suisse

Madame la Présidente de la Confédération, Mesdames les Conseillères fédérales , Messieurs les Conseillers fédéraux,
Face à la crise engendrée par la pandémie de COVID-19, vous avez proposé des mesures ambitieuses d'aide à l'économie, démontrant ainsi que, lorsque la nécessité absolue est reconnue, des démarches d'urgence et la mobilisation de moyens exceptionnels sont possibles. (...)
Aujourd’hui, la "survie" de notre pays se joue intégralement sur le courage de personnes qui, hier encore, étaient les laissé·e·s-pour-compte de notre système. Si nous parvenons à vaincre le COVID 19, c'est à elles·eux que nous le devrons.
Cette situation met également en évidence que seule une société civile solidaire peut permettre à notre pays de surmonter cette crise, tout comme celles à venir.
Or, les prochaines crises seront très probablement les conséquences de la rapide évolution climatique et de la disparition de la biodiversité, comme les scientifiques nous en avertissent depuis bien longtemps déjà. Alors écoutons-les, tout comme nous apprenons à le faire, mais un peu tard, pour cette crise sanitaire !
Madame la Présidente de la Confédération, Mesdames les Conseillères fédérales, Messieurs les Conseillers fédéraux, vous avez entre vos mains une opportunité extraordinaire d’entamer dès aujourd’hui la transformation écologique et sociale que vous savez déjà indispensable et nécessaire à très brève échéance. La brutalité de cette pandémie montre que le modèle économique actuel a des pieds d’argile. Tous·tes, nous prenons conscience de notre incroyable vulnérabilité, mais aussi de l'occasion unique qu'elle représente de mettre en route le changement systémique qui s’impose dès maintenant.
Tant pour ce qui est des difficultés actuelles que pour celles, futures, liées à la destruction de notre environnement, nous attendons donc de votre part que soient prises les mesures de solidarité et d'anticipation qui s'imposent les seules dignes de la confiance que la population doit à bon droit pouvoir placer en vous et saisissons cette occasion pour vous réassurer de notre attention indéfectible au bien commun.

mardi 31 mars 2020

Lettre d'Extinction Rebellion aux parlementaires suisses

L’épidémie actuelle de coronavirus donne actuellement le sentiment que nos autorités politiques sont prêtes à agir rapidement, fermement et en toute responsabilité face à une menace grave pesant sur la santé publique.

Les enjeux de santé publique dus à catastrophe climatique et à l’extinction du vivant sont pourtant sans commune mesure avec la terrible pandémie actuelle, même si celle-ci devait contaminer la population mondiale dans sa globalité.

L’augmentation actuelle de la température mondiale est de 0.6°C. Ceci a provoqué l’été dernier des pics de chaleur de 40°C en Hollande, de 46°C dans le Sud de la France et de plus de 50°C en Inde. La réalité de ces extrêmes dépasse aujourd’hui déjà ce que l’on pouvait redouter pour un avenir lointain.

Le rapport 2018 du GIEC décrit les conséquences “très graves” d’une augmentation de la température terrestre moyenne de 1.5°C, celles, “gravissimes” d’une augmentation de 2°C. Il ne commente aucunement les conséquences d’augmentations plus importantes. Or, d’après les dernières études, l’Accord de Paris n’étant ni contraignant, ni même suivi par un seul pays signataire, nous nous approchons d’une augmentation de 4°C à 6°C.

Le climat n’est qu’une partie des menaces. L’extinction de masse des espèces et de l’ensemble du vivant, les pollutions et l’épuisement de toutes les ressources dont nous disposons, les famines de grande ampleur et les déplacements des populations en sont les autres facettes.
L’ensemble de ces bouleversements font courir à l’humanité un risque énorme. La disparition proche de l’espèce humaine est une possibilité réelle.

A ce sujet, nous sommes en droit d’entendre de votre part une communication massive aussi claire, exhaustive et honnête que celle qui prévaut actuellement sur la pandémie de coronavirus.
Le temps n’est plus au déni ou aux calculs politiques, nous avons le couteau sur la gorge. Ni un virus, ni un épisode caniculaire, ni une tornade, ni une famine ne s’assied à la table de négociation. Le temps n’est plus au marchandage, le danger est sourd et aveugle à notre temps politique.

Seul un sursaut collectif immédiat et de grande ampleur peut encore nous sauver. Vous en portez, de par votre rôle d’élu-e et de par les pouvoirs qui vous sont conférés, la double responsabilité de l’annoncer et de l’initier.

samedi 29 février 2020

Le principe de précaution

L'être humain a de nombreux amis : les énergies fossiles (pour tout un tas d'usage), l'agri-business et l'élevage intensif (pour se nourrir), les moyens de transport carbonés (pour se déplacer et acheminer les marchandises dont il a besoin), les centres commerciaux (pour assouvir son consumérisme)...

Avant, la science faisait aussi partie de ses amis : inventions, progrès, médecine, etc. Depuis que la science annonce à l'être humain des mauvaises nouvelles (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité), ils se boudent.

Puis l'être humain a ses ennemis : en gros, tout ce qui le tue (guerres, famines, épidémies). Sachant cela, c'est d'ailleurs surprenant de voir que tout au long de l'histoire, l'homme s'est entre-tué. Aujourd'hui, un des adversaires de l'homme est donc bien-sûr le terrorisme. Il y a aussi des particularismes régionaux : pour les USA, l'ennemi c'est la Corée du Nord, la Russie, l'Iran (liste non exhaustive). Pour l'Iran, c'est les USA, l'Arabie Saoudite, Israël. Pour Israël, c'est les pays arabes voisins, les Palestiniens, les Turcs. Pour la Turquie, c'est la Syrie (ils se tirent joyeusement dessus), les réfugiés et l'Europe (ouvrir ses frontières permet de transformer ses réfugiés en migrants, et menacer d'en inonder son voisin occidental).

Aujourd'hui, l'être humain a un nouvel ennemi : le Coronavirus.

Branle-bas-de combat, production industrielle chinoise au ralenti (et chute des bourses), villes italiennes en quarantaine, manifestations sportives et congrès annulés à travers toute l'Europe...

Que faut-il en retenir ?
Quand l'être humain veut prendre des décisions, il prouve que c'est possible de les prendre.
L'être humain agit lorsqu'il perçoit un risque pour sa propre vie (et encore : la pollution atmosphérique tue des millions de personnes chaque année en raison de maladies pulmonaires, mais les centrales à charbon tournent toujours à plein régime). Pour le reste du vivant, on s'en fout : plus d'un milliard d'animaux sont morts dans les incendies australiens, ils sont déjà oubliés (le grand stress en janvier était de savoir si l'open de tennis à Melbourne serait annulé : une petite balle jaune revêt donc plus d'importance qu'un koala).
Conclusions :
Pou ce qui est de la protection de la biodiversité, c'est l'inaction, l'indifférence, l'égoïsme, voir le cynisme, alors que pour combattre un virus, c'est une mobilisation mondiale avec prise de mesures draconiennes, juste en quelques jours, au nom du principe de précaution.
Si ce principe de précaution s'applique à un virus qui est un risque pour l'être humain, pourquoi ne s'applique-t-il pas aux autres espèces ?
Le sens des priorités, c'est que pour l'être humain et rien d'autre.
L'échelle des valeurs... quelles valeurs ?

samedi 25 janvier 2020

C'était mieux avant ?

Je vais réagir ici à un article paru dans la Tribune de Genève (journal qui n'est pas une référence, que je ne lis pas et achète encore moins, mais qu'un ami m'a fait suivre). Son titre : "C'était mieux avant ? Ben, pas vraiment". On peut y lire : "Voici les faits (...) Si on considère les choses à long terme, le monde ne s'est jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui". Suivent des statistiques anthropocentrées à l'appui de cette thèse : taux d'alphabétisation en hausse, diminution des victimes de guerre et de la mortalité infantile, bonheur humain en hausse, etc. 
Tout cela est exact, mais ces données ne se rapportent qu'à notre espèce.
Alors si les statistiques humaines se sont notablement améliorées ces 50 dernières années, les indices de la vie sur Terre n'ont fait que se dégrader sur la même période : effondrement de la biodiversité (diminution de 80% de la quantité d'insectes et de 60% des vertébrés), pollutions, surpêche, destruction de l'habitat naturel et déforestation, etc.
Pire : notre bien-être actuel s'est fait sur le dos de la nature et au détriment des autres espèces.
Si on pouvait demander aux animaux s'ils sont satisfaits de leurs conditions de vie, répondraient-ils comme nous ? Dépêchons-nous de leur poser la question : au tigre asiatique, au jaguar américain, à l'ours polaire, au gorille ou au rhinocéros africain, au koala australien, et à tous leurs autres potes du monde animal, oui dépêchons-nous de leur demander, car lorsqu'ils auront tous disparus, ils ne pourront plus nous répondre.
Penser que le bonheur humain est décorrélé de la nature est une erreur que nous paierons cher : l'être humain ne peut survivre hors-sol, nous sommes interconnectés avec notre environnement dont nous dépendons pour respirer de l'air pur, nous abreuver d'eau fraîche, nous nourrir sainement. En détruisant la nature pour obtenir un bien-être éphémère, nous mettons en grave danger notre futur. L'article disait : "Voici les faits (...) Si on considère les choses à long terme, le monde ne s'est jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui". Vraiment ? Si on considère les choses à long terme, disons, ces 20, 30 ou 50 prochaines années, quelles seront nos conditions de vie sur Terre ? Que donneront alors les mêmes statistiques ? Il me semble prudent de ne pas s'en réjouir trop vite.