dimanche 22 juillet 2018

pronostic d'un non-connaisseur sur l'appel d'offre des prochains avions de combat

Le gouvernement suisse vient de lancer l'appel d'offre pour acheter un nouvel avion de combat, en remplacement de sa flotte de F-5 et F/A-18 Hornet (https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/fr/home.detail.nsb.html/71511.html).

5 modèles seront en compétition : l'Airbus Eurofighter, le Dassault Rafale, le Saab Gripen E, le Boeing F/A-18 Super Hornet et le Lockheed-Martin F-35A.

D'ici deux ans, la population suisse sera amenée à se prononcer par référendum sur le crédit d'achat (mais pas sur le modèle d'avion qui sera choisi ultérieurement). Montant de la facture soumise au vote : 8 milliards de francs, qui incluront aussi un nouveau système sol-air.


En bon citoyen, je m'informe et j'ai voulu savoir ce que valaient ces joujoux quelque peu coûteux, même si la votation n'est pas pour demain (d'ici 2020).


N'ayant pas de compétences aéronautiques particulières, j'ai pris quelques heures pour me renseigner. Facile, il y a de nombreux sites et blogs spécialisés sur le sujet. En voici un petit résumé, sous forme de classement :


5) Le F-35A réussit le tour de force d'être à la fois le plus coûteux des 5 avions considérés, et le moins performant de tous. Nombreux problèmes de conception, dépassements pharaoniques du budget : son rapport qualité/prix est catastrophique. L'ingénieur aéronautique Pierre Sprey (concepteur du F-16 et du A-10), a affublé le F-35 du surnom de "dinde", ce qui veut tout dire sur les capacités de vol de l'avion.


4) Le Saab Gripen E n'avait pas brillé lors de son évaluation effectuée par l'armée suisse entre 2008 et 2011 et son achat a logiquement été rejeté en votation populaire en 2014. Il n'y a aucune raison que son évaluation soit meilleure 6 ans plus tard.


3) L'Airbus Eurofighter a connu des surcoûts et retards, en raison de son développement par 4 pays (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne), fournissant chacun des pièces et multipliant ainsi les chaînes d'assemblage. L'idée d'un programme européen paraissait bonne aux pays concernés, mais dans ce cas là, le rapport qualité-prix est lui aussi défavorable.

Les deux finalistes semblent donc être tout désignés, le Dassault Rafale et le Boeing F/A-18 Super Hornet. A moins qu'un invité-surprise de dernière minute vienne jouer les troubles-fêtes ?

En effet, Lockheed-Martin (également constructeur du F-35 précité) a remis au goût du jour son mythique F-16. Cette nouvelle version, le F-16 Viper Block70/72, semble avoir un bon rapport qualité-prix. Le gouvernement slovaque vient d'ailleurs d'en commander 
(http://psk.blog.24heures.ch/archive/2018/07/11/la-slovaquie-opte-pour-le-f-16-viper-865968.htmlPourquoi la Suisse ne le teste pas ? Mystère. J'ai posé la question à Kaj-Gunnar Sievert, Responsable communication d'Armasuisse en charge de ce dossier, mais pas de réponse à ce jour.

Une autre question légitime que l'on peut se poser, au-delà du choix de l'appareil, c'est bien sûr de savoir si la Suisse a besoin de renouveler sa flotte d'avions de combat, ou alors de renoncer à avoir une force aérienne. Bonne question, mais difficile réponse.

Ces 70 dernières années, les conflits ont plutôt été asymétriques, opposant un acteur étatique et un acteur non étatique : 

  • guerres d'indépendance qui opposaient des guérillas locales aux puissances coloniales (Indochine/Vietnam, Afrique, etc.)
  • guerres civiles (ex-Yougoslavie, Syrie, Ukraine, etc.)
  • conflits de basse intensité
  • djihadisme, narco-guérillas et mafias, cyber-terrorisme, etc.

La force aérienne n'est pas forcément l'échelon d'intervention le mieux adapté dans le cadre de ces conflits asymétriques, qui sont plutôt low tech / low cost. D'un autre côté, comment prédire ce que nous réserve ce XXIème siècle, dont les 18 premières années ont été des plus chahutées, des attentats du 11 septembre 2001 à tous les autres qui ont suivi, à la crise financière de 2007-2009 dont les conséquences ne sont pas terminées (endettement, taux zéro, etc.), aux conflits du Proche et Moyen-Orient (Libye, Syrie, Irak, Yémen, Afghanistan, etc.) ? Si on ne peut pas prédire l'inconnu des prochaines décennies, peut-être vaut-il alors mieux s'en prémunir de la manière la plus large possible.

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