jeudi 31 octobre 2019

La désobéissance civile, pacifique et non violente, peut-elle être légitime ?

Le 21 octobre, le journal le Temps publie une lettre ouverte du monde académique suisse intitulée "Nous déclarons notre soutien à Extinction Rébellion".
https://www.letemps.ch/opinions/declarons-soutien-extinction-rebellion-lettre-ouverte-monde-academique-suisse
En résumé, environ 80 universitaires apportent leur soutien à ce mouvement de désobéissance civile, car selon eux, "le contrat social a été brisé". Les gouvernements ont été incapables de prendre des mesures pour faire face à la crise climatique et environnementale : "cette inertie ne peut plus être tolérée (...) ; avec la raréfaction des ressources, l'effondrement de notre civilisation est probable (...) Lorsqu'un gouvernement renonce sciemment à sa responsabilité de protéger ses citoyens, il a échoué dans son rôle essentiel. Le contrat social a donc été brisé et il est dès lors fondé de se rebeller pour défendre la vie (...)"


Un blogger a réfuté ce soutien dans un article intitulé "j'ai un problème avec la désobéissance civile"

https://blogs.letemps.ch/marc-muenster/2019/10/21/desobeissance/?unapproved=486&moderation-hash=66e7b97789a0638f70037f5ea6176d95#comment-486
Dans ce blog, il compare un mouvement de désobéissance qui aurait pour objet de lutter contre l'avortement (où une vie à venir est en jeu), ou contre le mariage homosexuel (où aucune vie n'est en jeu), avec extinction rebellion qui milite de façon pacifique et non violente pour faire reconnaître l'urgence climatique (où l'enjeu est de sauver la vie sur Terre) : comparaison n'est de toute évidence pas raison. Il indique que la désobéissance civile n'est pas légitime lorsque les mécanismes de la démocratie fonctionnent : mais ces actions pacifiques et non violentes ne doivent pas viser à s'opposer ou à remplacer nos institutions démocratiques, mais simplement à inciter nos gouvernements à enfin agir (suivant en cela l'appel du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres 
"il est très important d’exercer le maximum de pression sur les gouvernements").

Voici ma réponse à ce blog :

Rousseau, dans le contrat social, a écrit que l'intérêt particulier est contraire à la recherche de l'intérêt général. Le contrat social dont Rousseau fait la promotion institue un ordre social au service de l'intérêt général.
Lorsque des intérêts particuliers rompent ce pacte, cet ordre social devient tyrannique ou vain.
Les autorités politiques, dont le devoir est de protéger la population, ont failli : ils ne défendent que les intérêts particuliers des élites financières et économiques, des lobbies et des multinationales, leur cupidité et leur prédation, au détriment de la population, dont la survie est gravement menacée par les pollutions, le réchauffement climatique, l'effondrement de la biodiversité et la pénurie des ressources (c'est bien une question de survie dont il est question).
Le contrat social étant rompu, la désobéissance civile, pacifique et non violente, devient légitime, afin d'exercer cette pression sur les gouvernements pour enfin agir.
Voilà 50 ans que les faits scientifiques sont connus, et pourtant l'inaction, l'inertie, le déni, l'indifférence, ont prévalu. Il a fallu que des manifestations mettent la pression sur les autorités pour que les choses commencent enfin à bouger. Trop tard.
Le rythme politique et démocratique n'est malheureusement plus suffisant pour éviter le mur, ou l'iceberg. Il est trop tard. Comme le préconisent les auteurs collapsollogues (Pablo Servigne, Jean-Marc Gancille, Yves Cochet, etc.), on ne peut qu'au mieux se préparer à cet effondrement.

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