mercredi 12 septembre 2018

Coup de gueule numéro 2 : de l'inconscience écologique à la dictature verte

Après un été caniculaire, la démission de Nicolas Hulot, et de plus en plus de personnes (scientifiques, experts, etc.) qui tirent la sonnette d'alarme climatique, ce mois de septembre est médiatiquement "chaud" sur le front de l'environnement. D'où ce coup de gueule, car au fond, rien ne change : business as usual.

Les gens se donnent bonne conscience en recyclant leurs déchets (tri sélectif) : c'est mieux que rien, mais notoirement insuffisant et plus du tout à la hauteur des enjeux. Pour preuve :

J'avais vu un documentaire sur un Scandinave (il n'y a qu'eux pour se lancer dans des projets pareils) qui a essayé pendant un an d'avoir, pour lui et sa petite famille, 0 émission de carbone. En gros et en résumé, cela donnait à peu près cela :

  • évacuation de tous les objets en plastique de son domicile (remplacés par exemple par des jouets en bois pour ses deux enfants)
  • voiture remplacée par des trajets à pied, en vélo ou en transports publics (pour les plus longs)
  • achats en vrac et non emballés dans les magasins
  • vacances d'été en Italie, en voyageant en train
  • etc.
Il a tenu le compte tout au long de l'année, des économies d'émissions carbone ainsi réalisées. Ce qui a vraiment fait la différence ? Le voyage en Italie en train plutôt qu'en avion.

Ceci est corroboré par l'extrait suivant que j'avais lu il y a quelques années, et que je cite car cette petite comparaison est toujours d'actualité : "Marius roule tous les jours une heure dans sa voiture toute pourrie au pot catalytique mal réglé. Il va au fast-food une fois par jour, mange de la viande à tous les repas, il fume, ne trie pas ses ordures, n'a plus que 2 points sur son permis de conduire, part en vacances en août sur la côte, et passe 10 heures dans les bouchons à l'aller comme au retour. (...) Mélanie, elle, mange bio et de saison, fait gaffe à sa consommation d'eau, recycle l'aluminium, le papier et le verre. En centre-ville, elle circule à pied ou à vélo et ne prend l'avion que deux fois par an, pour aller en week-end à Marrakech ou à Ibiza, et une fois pour ses vacances d'hiver en Thaïlande. Elle vote écolo bien qu'elle sache qu'elle n'est qu'un petit maillon dans l'écosystème. Elle sait que ce tout petit geste est important dans la lutte permanente pour un monde meilleur. Elle n'hésite pas à moraliser ceux qui ne le font pas, notamment son collègue Marius, qu'elle soupçonne même de ne pas voter comme il faut. Des deux, c'est de loin Mélanie qui a l'empreinte carbone la plus élevée" (in "Survivre à l'effondrement économique" de P. San Giorgio)

Et moi, allez-vous me dire ? Qui suis-je pour donner des leçons ? Mon profil est à peu près celui de Mélanie, l'avion en moins. Lorsque j'avais assisté à une présentation de l'association i-boycott devant un public d'une vingtaine de personnes (toutes concernées par l'environnement), j'avais sidéré l'assistance en déclarant ne plus prendre l'avion depuis quelques années, au point de passer pour un extra-terrestre (sans vaisseau spatial). D'où mon constat : même parmi des personnes qui se disent écologistes, il y a du bla-bla mais peu de changements de ses propres habitudes.

Comment peut-on alors espérer modifier cette trajectoire qui nous mène droit dans le mur ? Car ce n'est pas d'espoir dont nous avons besoin, mais d'actions concrètes, comme par exemples :
  • faire moins d'enfants : la courbe démographique doit s'inverser, la population humaine doit diminuer, même s'il faut passer par une étape de vieillissement de la population. Cela permettra à terme de diminuer la pression sur les ressources (eau, énergie, etc.)
  • privilégier les moyens de transports moins/peu/pas polluants (ce qui implique donc de moins prendre l'avion)
  • manger moins de viande
  • moins consommer (moins de gaspillage, plus de sobriété). Etre plutôt qu'avoir.
  • etc.
Vous allez me reprendre, ce ne sont pas les individus qui polluent le plus (par le tourisme, leurs déplacements, leurs achats, etc.). Ce sont les entreprises, notamment les multinationales, qui sont les premiers coupables : c'est vrai. Mais par vos choix de consommateurs, vous avez vous aussi une petite influence : https://www.i-boycott.org

Comme je soupçonne que nous ne passerons pas des intentions aux actes (ou pas assez, ou trop tard), à un moment l'humanité arrivera à un point de rupture, avec deux scenarii à envisager :
  1. Prises de mesures imposées par les Etats (taxation des vols, voire interdiction des voyages de loisirs, retour de la politique de l'enfant unique, etc.). C'est le scénario où on passe en mode autoritaire, qu'on peut appeler "dictature verte".
  2. Manque d'eau, sécheresses amenant insécurité alimentaire, famines entraînant maladies, etc. C'est le scénario où on passe en mode survie dans un environnement dégradé.
En résumé : 
  1. Ni le individus, ni les entreprises ne risquent de modifier suffisamment leurs habitudes, ou alors trop peu et trop tard.
  2. Idem pour les Etats : en raison de motifs électoralistes, les mesures nécessaires, même prises de façon autoritaire, seront insuffisantes et là aussi trop tardives.
  3. Reste le scénario du pire, dans lequel il faudra se débrouiller et faire avec une nature altérée. Certaines régions deviendront peut-être inhabitables, entraînant des migrations supplémentaires (réfugiés climatiques). Seule bonne nouvelle pour ceux qui passeront ce cap : une diminution de la population mondiale diminuera la pression sur les ressources.

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